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Secteur bancaire africain : des risques maîtrisés ?

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Face aux nouvelles turbulences dans le secteur bancaire mondial, Moody’s se montre relativement rassurant sur les banques africaines qu’elle couvre. La plupart disposent de liquidités solides pouvant amortir d’importants retraits de dépôts. De plus, leur dépendance limitée à un financement de marché plus volatil et leurs bases importantes de déposants contribuent à la stabilité de leurs dépôts, estime l’agence de notation. Mais, l’augmentation du risque de crédit souverain, l’inflation élevée, des conditions de financement mondiales strictes, des pénuries de devises et des risques sociaux croissants sont susceptibles de contrarier la marche des entreprises du secteur.

La récente faillite de Silicon Valley Bank et le rachat de Crédit Suisse par UBS ont suscité des craintes sur l’effet domino qui pourrait faire chuter d’autres poids lourds du secteur bancaire mondial. La santé de Deutsche Bank, la première banque allemande, inquiète également les marchés. Dans ce contexte, il est important de se pencher sur la solidité des banques africaines.

Selon une note de Moody’s sur le secteur bancaire africain, le risque pour les banques africaines découlant des retraits massifs des dépôts des clients (bank run) serait faible. En effet, la plupart des banques notées par l’agence de notation financière disposent de liquidités solides pouvant amortir d’importants retraits de dépôts. De plus, leur dépendance limitée à un financement de marché plus volatil et leur base de dépôts importantes et stables contribuent à leur stabilité.

Des actifs solides pour les banque africaines

Les actifs liquides représentent 43% des actifs totaux. Cette part s’élève à 47% au Nigéria, 27,5% en Afrique du Sud et 53% dans le reste de l’Afrique subsaharienne (7 banques en Angola, au Ghana, en Namibie et au Togo). En Afrique du Nord, les banques égyptiennes affichent en moyenne 64% et leurs homologues marocaines 35%. Pour l’ensemble des banques notées, Moody’s estime que 20% des actifs se présentent sous la forme de liquidités, de soldes auprès de la banque centrale et d’autres expositions interbancaires qui sont toutes très liquides.

Cela peut se comparer à des soldes tout aussi élevés totalisant 16% des actifs des banques européennes. Cela dit, la plupart des banques africaines ne sont pas encore soumises aux exigences du ratio de couverture des liquidités de Bâle III, à l’exception des régimes réglementaires plus développés comme l’Afrique du Sud ou encore le Maroc. 

Les banques africaines portent au bilan une bonne partie d’obligations souveraines. Elles représentent 20% des actifs dont 19% au Nigéria, 18% en Afrique du Sud, 11% au Maroc et 31% en Egypte. Cette exposition importante signifie que les cotes de crédit de nombreux établissements sont étroitement liées à celle de leur gouvernement. Toutefois, en cas de perte de placement non réalisée, l’impact restera modeste, avance Moody’s. “Elles peuvent absorber ces pertes compte tenu de leurs ratios de fonds propres élevés”.

Un environnement instable et risqué

Cependant, les banques africaines font face à de nombreux défis, tels que leurs faibles cotes de crédit et l’augmentation du risque de crédit souverain. En outre, une inflation élevée, des conditions de financement mondiales strictes, des pénuries de devises et des risques sociaux croissants rendent l’année 2023 difficile pour les banques en Afrique. Cela explique les perspectives négatives de Moody’s pour les banques africaines.

Malgré la qualité de la régulation, le risque zéro n’existe pas. En cas de faillite bancaire, les dépôts sont partiellement protégés. Au Maroc, l’indemnisation des clients est plafonnée à 80.000 DH, l’équivalent de 7.800 dollars. Pour certains clients, ce montant reste bien dérisoire au regard de leurs avoirs en banque. Suite à la faillite de la Silicon Valley Bank, les autorités américaines ont assuré qu’elles garantiraient le retrait de l’intégralité des dépôts.

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