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Sanctions au Mali : Moscou met un veto contre une résolution de l’ONU

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Le Conseil de sécurité des Nations unies (Image d'illustration). © Mary Altaffer / AP

La Russie, alliée de la junte à Bamako, a opposé mercredi son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à prolonger les sanctions imposées au Mali en 2017. Les sanctions, qui visaient toute personne violant ou faisant obstacle à l’accord de paix de 2015, entravant l’acheminement de l’aide, commettant des violations des droits ou recrutant des enfants soldats, prendront fin jeudi.

La résolution, rédigée par la France et les Émirats arabes unis, et le mandat du comité d’experts chargés de les surveiller, ont recueilli mercredi 13 voix favorables. La Chine s’est abstenue.

La Russie était d’accord pour prolonger d’un an les sanctions, pour l’ultime fois, mais de dissoudre immédiatement le comité de surveillance dont elle conteste, avec Bamako, l’objectivité. Elle a été le seul pays à voter en faveur de cette proposition, le Japon s’y est opposé et les treize autres membres se sont abstenus.

«C’est un vote très symbolique, car il s’agit certainement du dernier vote du Conseil de sécurité concernant le Mali – la dissolution de la mission de maintien de la paix des Nations unies (Minusma) ayant été décidée, le pays ne sera en effet plus à l’agenda. Et ce veto russe, le premier du genre sur le dossier malien, est comme un ultime camouflet de Moscou et de son alliée, Bamako, à l’ONU. Les diplomates ne sont pas dupes ; le régime de sanctions allait forcément être réduit à moyen terme», écrit la correspondante de RFIhttps://www.rfi.fr/fr/afrique/20230901-la-russie-met-un-veto-contre-une-résolution-de-l-onu-sur-les-sanctions-au-mali à New York, Carrie Nooten.

Le comité d’experts dans le viseur de Moscou

Les sanctions «ne doivent pas être utilisées comme un moyen d’influence étrangère au Mali, et c’est ce que le comité d’experts faisait», a justifié l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia. Moscou estime que le projet de résolution «n’aurait pas aidé le processus de paix» mais aurait «encore plus opposé les parties».

Pour l’ambassadeur adjoint des États-Unis auprès de l’ONU, Robert Wood, la Russie voulait mettre fin à la mission du comité de surveillance afin «d’étouffer la publication de vérités gênantes sur les actions (du groupe) Wagner au Mali, actions qui requièrent une attention particulière», selon ses propos tenus devant le Conseil.

Le comité indépendant de surveillance a rapporté la semaine dernière que les soldats maliens et leurs «partenaires de sécurité étrangers», présumés être des membres du groupe paramilitaire russe Wagner, utilisaient de façon «systématique et organisée» la violence contre les femmes et commettaient d’autres «graves abus des droits de l’homme» afin de répandre la terreur.

Le rapport constate aussi un processus de paix «paralysé», avec des groupes qui s’arment à nouveau, depuis l’annonce du retrait de la Minusma. Pour certains diplomates, supprimer ce comité d’experts, c’est éliminer le dernier mécanisme de l’ONU restant pour surveiller les violations des droits de l’Homme au Mali.

«La Russie place ses intérêts au-dessus de ceux de la région», a accusé Wood. Et pour l’ambassadeur britannique adjoint James Kariuki, l’utilisation «irresponsable» du veto par la Russie «va réduire la supervision et l’engagement du Conseil dans le processus de paix au Mali à un moment critique».

Le vice-ambassadeur de la Russie auprès de l’ONU, Dmitri Polianski, a déclaré à Reuters que ces déclarations n’étaient que des spéculations et s’apparentaient à de la «paranoïa». Il a ajouté que la Russie «défendait les intérêts du pays concerné, le Mali, comme le Conseil est censé le faire».

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