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Rome aspire à un nouveau modèle de coopération avec le continent africain
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«Une coopération entre pairs, loin de toute tentation prédatrice, mais aussi de cette logique caritative dans l’approche de l’Afrique qui ne se concilie guère avec les extraordinaires possibilités de développement de ce continent. Notre nation veut porter cette nouvelle approche. Être un pont entre l’Afrique et l’Europe, telle est la vocation de l’Italie». C’est par ces mots que la cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni, a inauguré le sommet Italie-Afrique où près de 23 chefs d’État et de gouvernement africains, 57 délégations internationales, des représentants de l’Union européenne (UE) et des représentants d’organisations régionales et d’institutions multilatérales opérant sur le continent ont répondu présents.
Tout l’enjeu de cet événement a été de discuter de la coopération et des intérêts communs afin d’écrire «une nouvelle page» dans les relations avec le continent, avec une approche «non prédatrice». Une approche «d’égal à égal» qui est loin de faire l’unanimité. «Le but est de prouver que nous sommes conscients que le destin de nos continents est interconnecté, c’est-à-dire l’Europe et l’Afrique, et que nous pouvons grandir ensemble», a indiqué Meloni, relayée par l’agence de presse italienne Aki.
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Dans une allocution, la présidente du Conseil des ministres italien a, de plus, mis en lumière la richesse et le grand potentiel du continent africain : potentiel humain, potentiel agricole, mais aussi énergétique. Pour elle, «le monde ne peut pas scruter l’avenir sans tourner ses regards vers l’Afrique». À l’issue du sommet qui s’est tenu les 28 et 29 janvier, Meloni s’est dite heureuse «car elle a remarqué une preuve tangible de la volonté d’envisager et d’écrire une nouvelle page de nos relations, basée sur la coopération».
«Plan Mattei» pour l’Afrique
À Rome, la Première ministre italienne a annoncé un important plan d’aide au continent en échange d’une coopération accrue en matière de migrations. Cela fait partie des priorités du gouvernement Meloni, qui devrait en faire un point central du G7. Au mois de juin, l’Italie lancera sa présidence du Groupe et s’est engagée à faire du développement de l’Afrique un thème central de son mandat, en partie pour accroître son influence sur un continent où des puissances telles que la Chine, la Russie, la Turquie, l’Inde et le Japon ont accru leur poids politique. Raison pour laquelle, Meloni a présenté le «plan Mattei», du nom d’Enrico Mattei, fondateur de l’ENI (le géant énergétique public italien), qui, dans les années 1950, préconisait un rapport de coopération avec les pays africains, en les aidant à développer leurs ressources naturelles.
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Georgia Meloni qui veut faire de l’Italie un «pont» entre l’Europe et l’Afrique, un «hub» énergétique par lequel les ressources africaines pourraient transiter dans le futur. En investissant dans ce secteur, l’Italie espère s’assurer un accès privilégié aux ressources africaines – pour garantir sa sécurité énergétique et même celle de l’Europe. L’objectif est aussi de combattre le trafic des êtres humains et donc de permettre aux pays partenaires de mieux maîtriser l’émigration irrégulière de leurs citoyens vers l’Europe.
Il Vertice Italia-Africa è il primo appuntamento internazionale che l’Italia ospita da quando ha assunto la Presidenza del G7.
L’obiettivo, di medio e lungo periodo, che ci siamo dati è quello di dimostrare che siamo consapevoli di quanto il destino dei nostri due continenti,… pic.twitter.com/ENN8CZK0Ji
— Giorgia Meloni (@GiorgiaMeloni) January 29, 2024
«Le plan devrait coûter environ 3 millions d’euros par an et avoir une durée de quatre ans. L’objectif est de renforcer la coopération énergétique avec les pays africains et de les appuyer dans différents domaines, notamment la santé, l’éducation et d’autres secteurs, mais son but principal est de s’attaquer aux causes économiques profondes des migrations massives en provenance d’Afrique», a fait savoir la cheffe du gouvernement italien. Celle-ci a déjà affirmé que le plan «peut compter sur une dotation initiale de plus de 5,5 milliards d’euros entre crédits, dons et garanties».
Rome espère impliquer tous ces acteurs internationaux dans la mise en place de son plan sur des axes de développement aussi variés que l’éducation, les systèmes de santé ou l’eau. Pour la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, le plan italien «est complémentaire» de celui de l’UE.
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Les détracteurs du plan Mattei estiment cependant que l’Italie, lourdement endettée, ne peut espérer rivaliser avec des pays comme la Chine, la Russie et les États du Golfe, qui cherchent tous à renforcer leur présence en Afrique, continent doté d’une abondance de ressources naturelles. Des experts avancent déjà que l’Italie pourrait avoir du mal à obtenir le soutien de l’Union européenne qui a déjà présenté un plan d’aide à l’Afrique de 150 milliards d’euros en 2022.
«Nous aurions souhaité avoir été consultés avant»
Pour le président en exercice de l’Union africaine (UA), Azali Assoumani, a indiqué que l’Italie a apporté, durant les dernières années, un soutien efficient aux pays de l’Afrique, en particulier lors de la pandémie de Covid-19, notant que Rome «fait partie des plus grands investisseurs en Afrique, avec un volume d’investissements de 24 milliards d’euros en 2018».
Je voudrais insister ici sur la nécessité de passer des paroles aux actes. Vous comprenez bien que nous ne pouvons plus nous contenter de simples promesses qui, souvent, ne sont pas tenues.
— Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (UA)
«Il est essentiel de travailler en toute synergie pour mettre à profit les nombreuses ressources naturelles dont dispose l’Afrique pour non seulement développer davantage le continent, renforcer notre partenariat, mais aussi et surtout mettre fin aux flux migratoires souvent meurtriers des Africains», a estimé le Comorien.
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a souligné que «l’agriculture, les infrastructures, l’environnement, l’énergie, la santé, l’éducation, la digitalisation forment le peloton de tête de nos priorités». Il a cependant également déclaré que «nous [NDLR, dirigeants africains] aurions souhaité avoir été consultés avant» sur le plan, assurant toutefois que «l’Afrique est disposée à discuter le contenu et les modalités de sa mise en œuvre».