Retrait des pays de l’AES de la Cedeao : six mois pour un éventuel retour
Lors du 66e sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les chefs d’État et de gouvernement ont acté le départ des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), en l’occurrence le Burkina Faso, le Mali et le Niger, pour le 29 janvier 2025. Au-delà de cette date, l’organisation sous-régionale a donné un délai de rétraction de six mois (29 juillet) pour les membres de l’Alliance.
Selon les textes de l’instance, les trois pays cesseront officiellement d’être membres de l’organisation à partir de fin janvier. Le ministre béninois des Affaires étrangères, Oleshegun Adjadi Bakari, a confirmé que «la conférence des chefs d’État de la Cedeao a pris acte de la décision de nos pays frères (de l’AES) et se donne six mois pour organiser la mise en œuvre, avec une possibilité pour eux de revenir pendant cette période.»
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Il a ajouté que les négociations vont se poursuivre l’AES. C’est dans ce sens que la Cedeao a renouvelé sa confiance au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier a été déjà mandaté en juillet 2024 pour mener les discussions. Dans le cadre de cette mission, il effectuera prochainement une visite dans les pays concernés pour encourager leur réintégration.
Cette démarche répond également à une requête du Parlement communautaire, qui avait recommandé une prolongation du délai de retrait des pays de l’AES. La semaine derrière, Bassirou Diomaye Faye avait assuré qu’il faisait des progrès dans les négociations avec les trois pays, estimant qu’il n’y avait aucune raison pour qu’ils ne maintiennent pas leurs relations avec la Cedeao, en particulier compte tenu de la situation sécuritaire.
Pour rappel, le président togolais Faure Gnassingbé a également tenté de jouer un rôle de médiateur entre l’AES et la Cedeao au cours des derniers mois.
L’AES, un espace sans visa pour tout ressortissant de la Cedeao
De leur côté, les trois pays membres de l’Alliance persistent sur «l’irréversibilité de leur décision». D’ailleurs, ils ont déclaré que la confédération l’Alliance est un espace sans visa pour tout ressortissant des États membres de la Cedeao. Cette annonce a été faite à travers un communiqué lu à la télévision publique malienne lu par le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, dans un communiqué lu à la télévision publique malienne.
Il a ajouté que les ressortissants de la Cedeao «ont le droit d’entrer, de circuler, de résider, de s’établir et de sortir sur le territoire des États membres de la Confédération des Etats du Sahel dans le respect des textes nationaux en vigueur». Cette mesure est encadrée par les textes nationaux en vigueur, assurant un équilibre entre ouverture et réglementation.
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Outre la mobilité des individus, la déclaration prévoit également que les véhicules immatriculés dans les pays de la Cedeao peuvent circuler librement au sein des États membres de l’AES. Cela facilite non seulement les déplacements personnels, mais aussi les échanges économiques et commerciaux, contribuant à l’intégration régionale malgré les tensions politiques actuelles.
Il faut souligner que cette décision intervient suite aux refoulements de ressortissants maliens à la frontière sénégalaise. Ces derniers n’avaient pas leurs cartes d’identité de la Cedeao, ni de passeport par devers eux. Ils avaient seulement la carte nationale d’identité nationale malienne le Nina.
La Cedeao approuve la création d’un tribunal pour juger Yahya Jammeh
Par ailleurs, durant ce 66e sommet, la Cedeao a approuvé dimanche lors d’un sommet à Abuja la création d’un tribunal spécial chargé de juger les crimes commis en Gambie entre 1994 et 2017 sous l’ex-dictateur Yahya Jammeh, réfugié en Guinée équatoriale depuis sa chute.
Cette initiative représente une victoire pour les défenseurs des droits humains et les victimes, qui réclament depuis longtemps la justice. Elle envoie également un message fort de la Cedeao en faveur de la lutte contre l’impunité en Afrique.
Toutefois, des obstacles demeurent, notamment, le refus persistant de la Guinée équatoriale d’extrader Yahya Jammeh, ce qui pourrait entraver l’application des sanctions pénales.