Raffinerie Dangote : le gouvernement sonne la fin de la récréation
Le milliardaire nigérian Aliko Dangote avait inauguré, en mai 2023, la première raffinerie privée de pétrole brut de son pays. Ce projet titanesque a couté 20 milliards de dollars à l’homme d’affaires. Plus qu’une infrastructure industrielle, la mégaraffinerie ambitionne de répondre entièrement aux besoins en carburant du pays le plus peuplé d’Afrique et même d’en exporter sur le continent.
À terme, la raffinerie de Dangote devait produire 650.000 barils de produits raffinés par jour : essence, diesel, kérosène. Pour faciliter cela, le gouvernement était actionnaire de la raffinerie à hauteur de 20% via la Nigeria National Petroleum Company Limited (NNPCL), la compagnie pétrolière d’État, qui s’est engagée à fournir 300.000 barils de brut par jour. Un an après, ce rêve semble lointain, puisque Aliko Dangote est en bras de fer contre ceux qu’il appelle «la mafia du pétrole». Cela bloque la livraison du pétrole brut pour le raffinage, entrainant la baisse de la production de la raffinerie.
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Lors de sa dernière conférence de presse, l’homme d’affaires est revenu sur l’origine de son différend avec la Nigeria National Petroleum Company Limited (NNPCL). Selon lui, la compagnie devait verser un milliard de dollars, environ 7,2% du dépôt d’actifs requis. Cependant, les attentes liées à cet investissement semblent avoir échoué. Malgré un accord de prolongation d’une année, l’argent promis n’a toujours pas été reçu, a expliqué Aliko Dangoté. Il a jouté que cette situation a mis une pression supplémentaire sur les finances de la raffinerie, qui devait déjà faire face à des défis importants.
Aliko Dangote dément les accusations de monopole
L’homme le plus riche d’Afrique a aussi répondu aux accusations de monopole. Il a révélé les investissements de la NNPCL dans des raffineries à Kaduna, Woli et Potakot, montrant que sa société n’a pas la capacité de dominer le marché de manière exclusive. Ce dernier a précisé que le secteur est suffisamment diversifié et que la présence de plusieurs acteurs importants sur le marché contredit l’idée de monopole.
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Concernant la qualité du produit, l’entrepreneur a défendu avec vigueur les standards de la raffinerie. Il a fait état de tests montrant que le diesel produit répond aux exigences de qualité. Il a indiqué avoir procédé à des tests de qualité sur son diesel le 20 juillet lors de la visite de législateurs fédéraux à l’usine, précisant que la qualité de son diesel est meilleure que celui importé. Cette déclaration vise à répondre aux préoccupations exprimées par certains régulateurs et parties prenantes qui ont critiqué la qualité du produit.
Le propriétaire de la raffinerie a souligné la difficulté et la pression rencontrées pour maintenir le projet en fonctionnement malgré des conditions économiques défavorables. Il s’agit notamment d’une chute des prix du pétrole et des coûts fixes importants. Il a appelé à une plus grande transparence et à une meilleure compréhension des défis auxquels la raffinerie est confrontée.
Pour rappel, depuis le début de l’année, la raffinerie n’a reçu que cinq cargaisons de brut de la NNPCL, loin des 15 prévues. Pour pallier ce déficit, il a décidé d’acheter du pétrole brut brésilien et américain.
Le gouvernement ordonne la vente du brut à toutes les raffineries
Le président Bola Tinubu a ordonné à la NNPCL de vendre du pétrole brut à la raffinerie de Dangote et d’autres raffineries en Naira et non en dollars. Cette annonce a été faite par Bayo Onanuga, conseiller spécial du président chargé de l’information et de la publicité, via son compte officiel sur X.
Cette décision intervient dans un contexte critique où la qualité des produits des raffineries locales est remise en question. Le directeur général de l’Autorité nigériane de régulation du pétrole intermédiaire et en aval (NMDPRA), Farouk Ahmed, avait affirmé que les raffineries locales, y compris la raffinerie Dangote, produisaient des produits de qualité inférieure à ceux importés dans le pays.
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Aliko Dangote a également soulevé des préoccupations concernant l’approvisionnement en brut, affirmant que les compagnies pétrolières internationales (IOC) ne fournissaient pas de pétrole à sa raffinerie. Il a appelé à une enquête sur les allégations de la NMDPRA concernant la qualité des produits.
La directive du président Bola Tinubu de vendre du brut en Naira vise à soutenir les raffineries locales en réduisant leur dépendance aux devises étrangères pour ainsi stimuler l’économie nationale. Cette mesure pourrait également encourager d’autres investisseurs à entrer dans le secteur du raffinage au Nigeria.