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Présidentielle en Algérie : Tebboune passe dans la cacophonie

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Abdelmadjid Tebboune ; président de la République d'Algérie. ©DR

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune remporte une victoire écrasante, mais la légitimité de ce résultat est contestée. Des incohérences dans les chiffres de participation, fournis par l’ANIE, et des accusations de falsification créent la polémique.

Un, deux et trois, c’est le nombre de candidats, dont le président sortant, qui ont participé à l’élection présidentielle de l’Algérie. Et, c’est sans surprise que Abdelmajid Tebboune a remporté les élections avec un score de 94,65%. Le président algérien a fait mieux que son homologue russe, Vladimir Poutine, qui n’a pu obtenir que 87% à sa réélection au passage, a annoncé l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Il est suivi par le candidat du Mouvement de la société pour la paix, Abdelaali Hassani, en deuxième position (3,17%) et le candidat du Front des forces socialistes, Youcef Aouchiche (2,16%) ferme la marche. Avec ces résultats, Abdelmadjid Tebboune rempile pour un second mandat de cinq ans.

À l’issue d’une conférence de presse consacrée à la présentation des résultats préliminaires provisoires du scrutin de l’élection présidentielle du 7 septembre, le président de l’ANIE, Mohamed Charfi avait annoncé un taux de participation de 48,03%. Mais paradoxalement, 5,6 millions de personnes ont participé au scrutin. Alors que le corps électoral compte près de 24,5 millions d’électeurs. Ces deux versions contradictoires ont créé la polémique.

Les directeurs de campagnes dénoncent des «incohérences majeures»

D’abord au niveau des réseaux sociaux, le ton est très vite monté. En témoigne une publication de l’ex-leader du MSP, Abderrazak Makri. Ce dernier a critiqué un «gonflement sans précédent du taux de participation dans toute l’histoire des élections algériennes». «Le président n’avait même pas besoin de manipuler ce taux, il avait déjà gagné. Cette falsification du taux de participation retire toute crédibilité au scrutin», avait-il écrit avant de le supprimer.

Au lendemain de la proclamation des résultats, les directeurs de campagnes des candidats ont signé un communiqué commun, dans lequel ils dénoncent des «incohérences majeures» dans les résultats provisoires fournis par l’ANIE. Ils ont critiqué le manque de clarté sur les chiffres de participation et ont signalé une «erreur dans l’annonce des pourcentages» pour chaque candidat. Le communiqué souligne également des «données contradictoires avec les procès-verbaux de dépouillement des voix» fournis à l’ANIE par les commissions électorales locales. Ce qui alimente les doutes sur l’intégrité du scrutin.

Pour rappel, les résultats ne sont pas encore définitifs puisqu’ils doivent être validés par le Conseil constitutionnel. L’institution va examiner les recours éventuels, puis annoncer les résultats définitifs.

Un taux d’abstention historique

Selon les spécialistes, l’enjeu de ce scrutin était le taux de participation. En 2019, Abdelmadjid Tebboune avait remporté la présidence avec 58% des voix, mais avec une participation de seulement 39,83%. Le contexte politique était alors marqué par le Hirak, un mouvement prodémocratie qui avait largement boycotté les élections. Cette année, les résultats montrent une participation encore plus faible, ce qui pose la question de la légitimité du scrutin.

Pour sa part, Amnesty International avait également exprimé ses préoccupations concernant la situation des droits humains en Algérie. L’ONG accuse le gouvernement de poursuivre une répression sévère, incluant des arrestations arbitraires et un étouffement des voix dissidentes. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) avait signalé que de nombreuses personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés sont encore emprisonnées ou poursuivies.

Les critiques soulignent que malgré une victoire écrasante, le faible taux de participation et les accusations d’irrégularités électorales entachent la légitimité de ce second mandat pour Tebboune. Pour les analystes, cette victoire pourrait s’avérer être un «échec» si elle n’est pas accompagnée d’une refonte sérieuse de la politique et de la gouvernance, notamment pour capter un électorat jeune de plus en plus désillusionné. La nécessité d’une réforme en profondeur est ainsi devenue un thème central dans les débats sur l’avenir politique de l’Algérie.

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