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Première rencontre entre Bassirou Diomaye Faye et Emmanuel Macron

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Le président français, Emmanuel Macron, a reçu son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier était à Paris dans un cadre multilatéral pour participer au sommet mondial pour la souveraineté et les innovations vaccinales avec d’autres chefs d’États africains. Lors cette visite à l’Élysée, les deux chefs d’États ont échangé sur les coopérations qui lient leurs pays. Il faut noter que cette rencontre a longtemps été attendue par les observateurs politiques. L’analyste en politique étrangère, Oumar Ndiaye, décortique cette visite.

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Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye s’est rendu à Paris au Sommet mondial pour la souveraineté et les innovations vaccinales. Cet événement a connu la présence d’autres chefs d’États africains et le président de la commission de l’Union africaine. Le président sénégalais en a profité pour rencontrer de manière bilatérale son homologue français, Emmanuel Macron, pour ainsi discuter des dossiers de coopération entre les deux pays.

Depuis l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, le 24 mars 2024, les relations entre les deux pays se sont un peu refroidies, même si les présidents se sont entretenus au téléphone après la victoire de Bassirou Diomaye Faye. D’habitude, il est d’usage que le président élu parte à Paris pour ses premières sorties officielles. Mais tel n’a pas été le cas avec ce dernier puisqu’il a déjà effectué près d’une dizaine de déplacements avant de se rendre à l’Élysée.

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Il faut souligner que cette visite à un caractère symbolique puisque c’est le premier déplacement en dehors du continent que le président sénégalais effectue. Même si le contexte est particulier, la France fait partie des partenaires extérieurs traditionnels.

Cette rencontre entre les deux chefs d’États a longtemps été attendue par les observateurs, car Bassirou Diomaye Faye est considéré comme un antisystème de la France-Afrique. Il promeut au contraire un partenariat gagnant-gagnant entre les parties. De plus, son premier ministre, Ousmane Sonko, avait accueilli l’opposant du président français, Jean-Luc Mélenchon. Ils avaient par la suite animé une conférence de presse lors de laquelle l’ancien maire de Ziguinchor en a profité pour régler ses comptes avec Emmanuel Macron. Ousmane Sonko avait tenu de préciser qu’il ne s’exprimait pas en tant que premier ministre, mais plutôt comme un membre du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).

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Pour l’analyste en politique étrangère, Oumar Ndiaye, les propos tenu par le premier ministre sénégalais envers Emmanuel Macron, lors de la visite du leader de La France Insoumise (LFI), n’engage pas le Sénégal parce qu’il n’est pas celui qui définit la politique étrangère. C’est un domaine de souveraineté qui appartient au chef de l’État qui en est l’organe central.

Il souligne que cette visite va permettre aux deux chefs d’États de faire le tour des questions de coopération. Celles-ci touchent plusieurs domaines comme la transition énergétique, la santé, la formation professionnelle, la production de vaccins et l’agriculture. Sans oublier la coopération sécuritaire et militaire avec la question des bases françaises.

Paris, obligée de changer de cap dans sa politique africaine

Depuis 2008 et comme inscrit dans le Livre blanc de la Défense, la France a programmé une baisse de sa présence militaire à l’étranger avec la diminution des effectifs. Cela va aussi se poursuivre avec une redéfinition de cette présence militaire en Afrique qui ne sera plus comme auparavant.

«Il se trouve aussi qu’aujourd’hui, malgré tout le bruit qui est fait autour de la coopération Franco-Sénégalaise, celle-ci n’a plus le même niveau qu’avant. Le Sénégal a aussi développé ces deux dernières décennies une diversification de sa coopération économique avec l’ouverture vers les pays comme la Chine, la Turquie, l’Inde, Russie, etc. Cette tendance va se poursuivre», explique l’expert. Avant d’ajouter que les premiers partenaires commerciaux de Paris en Afrique subsaharienne ne sont pas la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Cameroun, mais l’Afrique du Sud, le Nigeria ou le Kenya. L’ensemble de la zone franc CFA, en Afrique occidentale et centrale, ne représente qu’une part minime du commerce extérieur de la France (0,6%). Donc des deux côtés, il y a une diversification des partenariats économiques et une option de revoir les cadres de coopération.

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Selon Oumar Ndiaye, la France est obligée de changer de cap et d’approche même dans sa politique africaine globalement. Le pays est en perte d’influence en Afrique francophone, surtout avec la jeunesse de la région qui est traversée par une lame de fond et un sentiment que l’on peut qualifier d’anti-français. Les discours souverainistes et nationalistes, même s’ils sont souvent accompagnés d’accents populistes, gagnent du terrain en Afrique francophone. Il faut en tenir compte.

L’analyste signale que la France n’est pas aussi aidée par sa politique africaine qui manque de cohérence et de constance. «C’est pourquoi elle traîne beaucoup de retard dans la course à la coopération avec l’Afrique qui est en train de se voir et ses concurrents comme la Chine, la Turquie et même la Russie sont en avance. Comme pour le Sénégal, avec de nouveaux dirigeants, la France sera obligée de s’adapter en tenant compte des orientations nationalistes de ceux qui sont à la tête du Sénégal et qui réclament plus d’équité, de respect dans les relations bilatérales», conclut-il.