Accueil / Articles Afrique

Pour se passer de l’argent du FMI, le président tunisien veut taxer les riches

Temps de lecture
Le président Kaïs Saïed recevant la cheffe du gouvernement Najla Bouden. © Présidence tunisienne

Le président tunisien Kaïs Saïed a estimé, jeudi 1er juin, que l’instauration de nouvelles taxes ciblant les plus riches pourrait permettre à son pays de se passer d’un financement de 1,9 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI), dont il rejette les «diktats» liés à la levée des certaines subventions étatiques relatives à la caisse de compensation (denrées alimentaires, carburant, etc.).

Lire aussi : Tunisie, qu’en est-il de l’accord avec le FMI ?

Le locataire de Carthage a expliqué en recevant la cheffe du gouvernement Najla Bouden que le système de subventions aux produits de base actuellement en vigueur bénéficiait à tous les Tunisiens, y compris les plus aisés. Face à cette situation, il a jugé pertinente l’idée de «prendre l’excédent d’argent des riches pour le donner aux pauvres» en reprenant une citation attribuée à l’un des premiers califes de l’islam, Omar Ibn Al-Khattab, estimant que ce mécanisme permettrait à l’État de «ne pas se soumettre aux diktats étrangers».

«Au lieu de lever les subventions aux produits de base au nom de la rationalisation, on peut introduire des taxes supplémentaires sur les plus riches qui bénéficient de ces subventions sans qu’ils en aient besoin», a-t-il déclaré lors d’un entretien avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, selon un communiqué de la présidence.
Le président tunisien n’a toutefois pas précisé comment d’éventuelles nouvelles taxes pourraient être introduites, ni défini le seuil de revenus ou de patrimoine définissant la richesse, dans un pays où les impôts des salariés sont prélevés à la source mais où une grande partie de Tunisiens exerçant des professions libérales dans le privé ne déclarent pas leurs revenus à l’administration fiscale.

La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars, sur 4 tranches, pour l’aider à surmonter la grave crise financière qu’elle traverse.

Lire aussi : FMI-Tunisie, un plan d’aide toujours d’actualité après le refus du président

Mais les discussions sont dans l’impasse, faute d’engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes pour restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes lourdement endettées et lever les subventions sur certains produits de base.

Aujourd’hui la crise économique et financière dans le pays se traduit notamment par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base sur fond de vives tensions politiques, depuis que le président Saïed s’est emparé des pleins pouvoir en juillet 2021, faisant vaciller la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

Voir aussi : Fin de la démocratie en Tunisie ?

Les pays du G7 ont encore récemment conditionné l’octroi de nouvelles aides au pays au «rétablissement des libertés et du fonctionnement démocratique» des institutions du pays.

Recommandé pour vous

L’enjeu du réacheminement des DTS pour le développement de l’Afrique

Afrique, Économie - Le réacheminement des DTS doit enfin devenir un catalyseur du développement durable en Afrique et dans le monde entier.

Aviation africaine : un horizon de croissance prometteur

Afrique, Économie - Lors du sommet "Aviation Africa" à Abuja, Airbus, le géant de l'aéronautique, a dévoilé des prévisions impressionnantes

2018-2022 : le Cameroun dépense 521 milliards de FCFA pour les importations de médicaments

Afrique, Économie - Dans un récent rapport de l'NS, les données concernant les importations de médicaments par le Cameroun entre 2018 et 2022

Kenya : William Ruto, attire les géants de la tech américaine

Afrique, Économie, Technologie - Le président kényan, William Ruto, a tendu la main aux entreprises technologiques américaines

Carburant : nouvelle alerte à la pompe?

Afrique, Économie - Dans les principales villes africaines, les automobilistes devront probablement dépenser davantage pour faire le plein d'essence dans les semaines à venir.

L’UA au G20 : un défi politico-économique

Afrique, Économie, Politique - L’UA a atteint un jalon significatif en rejoignant officiellement le G20 en tant que membre permanent.