Pas rassurant
La saisie, à la frontière avec le Mali, de 1,1 tonne de cocaïne dimanche 14 avril par les douaniers sénégalais, confirme que les cartels latino-américains de la drogue veulent implanter un hub logistique en Afrique de l’Ouest pour acheminer leur marchandise en Europe. Ce n’est pas le premier coup de filet de ce genre au Sénégal. En décembre dernier, la gendarmerie avait déjà intercepté 6 tonnes de cocaïne planquées dans un camion. La valeur marchande de cette cargaison est estimée à plus de 137 millions d’euros.
Au même moment, la justice ivoirienne s’apprêtait à juger les cerveaux d’un trafic qui avaient fait venir 3 tonnes de cocaïne du Suriname (ndlr : petit pays frontalier du Brésil), pour dans un second temps, l’expédier vers l’Europe. Dans tous ces pays, les narco-trafiquants s’appuient sur des relais locaux qui constituent une sorte de « franchises » avec leur capacité à acheter quelques éléments de forces de défense et de sécurité.
Contrairement aux apparences, ces nouvelles ne sont pas du tout rassurantes, car elles signifient que les cartels sud-américains ont identifié des failles dans une sous-région déstabilisée par le terrorisme islamiste. Depuis leurs QG au Mexique, en Colombie ou au Pérou, ils tentent de faire une jonction avec les groupes terroristes qui écument au Sahel et dont on sait qu’ils se financent par le trafic de drogue, le racket, et les trafics de tous bords. Il est plus que probable, voire certain, que plusieurs cargaisons ont échappé aux radars des forces de sécurité. Il est tout aussi certain qu’une part de la flambée de l’immobilier dans certaines capitales ouest-africaines est due à l’afflux d’argent à la provenance plus que douteuse. Une partie des narco-euros générés par le trafic de drogue sont, en effet, recyclés dans l’économie, augmentant de facto le coût de conformité, et les taux d’intérêt. Le sujet est tabou chez les autorités de régulation.