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Kaïs Saied embrassant le drapeau tunisien. DR

S’il voit l’état de son pays aujourd’hui, Mohamed Bouazizi, le marchand ambulant dont le sort avait déclenché la révolte populaire qui avait balayé le régime de Benali en Tunisie, se retournerait dans sa tombe. L’essentiel des acquis et les idéaux de la Révolution ont été passés par pertes et profits par des élites politiques déconnectées et incapables de répondre aux attentes de la population. La Révolution a été vite, très vite même, dévoyée. Les jeunes, fer de lance de l’insurrection de janvier 2011, sont passés de l’enthousiasme au désenchantement, et une grande partie des classes moyennes qui faisaient la fierté nationale, ont basculé dans la pauvreté et la précarité.

Plus de 14 ans après la « Révolution du jasmin », l’économie tunisienne est au bord du gouffre, et ne tient que grâce à la perfusion financière des monarchies du Golfe et des avances de trésorerie ponctuelles, et très intéressées, du voisin algérien. En 2023, le PIB a augmenté de 0,4%, soit la plus faible croissance depuis la révolution, et d’un petit 0,2% au premier trimestre de cette année.

Au plan politique, la Tunisie s’est transformée depuis 2019 en une prison à ciel ouvert. Aucune critique du régime en place n’est tolérée, tandis que le complotisme lui sert de carburant à la machine à broyer la moindre opposition politique. Aucune catégorie n’échappe à la terreur instituée par Kaïs Saied, pas même l’un des deux candidats « choisis » par le système pour concourir à la prochaine présidentielle dans moins d’un mois. Ce qui est certain, c’est que Bouazizi aurait condamné cette parodie d’élection.

 

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