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Niger : un ex-rebelle nigérien lance un mouvement anti-putschistes
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Rhissa Ag Boula, ancien chef rebelle et homme politique nigérien, a lancé un mouvement d’opposition à la junte militaire au Niger. C’est le premier signe d’une résistance interne aux militaires depuis leur prise du pouvoir lors du coup d’État du 26 juillet.
Ainsi, dans un communiqué publié mercredi, Ag Boula a déclaré avoir créé le Conseil de résistance pour la République (CRR). Ce conseil vise à rétablir dans ses fonctions le président renversé, Mohamed Bazoum, détenu dans sa résidence depuis le putsch. «Le Niger est victime d’une tragédie orchestrée par des personnes chargées de le protéger», dénonce l’ancien chef rebelle.
Blocage des négociations
La mise en place du CRR intervient alors que les efforts diplomatiques visant à inverser le coup d’État sont au point mort. Les putschistes ont rejeté l’intervention de la mission diplomatique de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils ont refusé aussi l’entrée aux émissaires africains et des Nations unies.
À travers le blocage de tout effort de négociations et de médiation, la junte nigérienne affirme qu’elle ne compte pas céder à la pression étrangère, notamment celle de la CEDEAO. Rappelons que les chefs d’États membres de cet organisme étudient le 10 aout, dans le cadre d’un sommet, un éventuel recours à la force au Niger.
Pour sa part, Ag Boula dit soutenir la communauté ouest-africaine et tout autre acteur international cherchant à rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Il a ajouté qu’il se mettrait à la disposition du bloc pour toute fin utile. Un autre membre du CRR a fait savoir que plusieurs personnalités politiques nigériennes ont aussi rejoint le Conseil anti-junte. Toutefois, pour des raisons de sécurité, elles n’ont pas pu rendre publique leur appartenance à ce mouvement.
Les Touaregs, ces alliés de taille
Dans les années 1990 et 2000, Ag Boula a joué un rôle de premier plan dans les soulèvements des Touaregs, un groupe ethnique nomade présent dans le nord désertique du Niger. Comme beaucoup d’anciens rebelles, il a intégré le gouvernement sous Bazoum et son prédécesseur Mahamadou Issoufou.
Bien que des incertitudes subsistent quant à l’ampleur du soutien apporté à la CRR, le mouvement d’Ag Boula risque d’inquiéter les putschistes. Pour cause, son influence parmi les Touaregs, qui contrôlent le commerce et la politique dans une grande partie du vaste nord du pays. L’appui de ces derniers serait essentiel pour assurer le contrôle du gouvernement militaire au-delà des limites de la ville de Niamey.
Quel intérêt pour le maintien d’un gouvernement démocratique ?
Pour les États démocratiques membres de la CEDEAO, tels que le Nigeria, le rétablissement du gouvernement nigérien est crucial. Celui-ci avait relativement réussi à contenir la campagne meurtrière menée par les terroristes d’Al-Qaïda et de Daech, qui ont dévasté la région du Sahel.
De plus, ce coup d’État est un coup dur pour de nombreux pays occidentaux. Le Niger était considéré comme l’un des derniers partenaires démocratiques de la région face à la menace expansionniste des groupes extrémistes. Ce pays est en outre un acteur important du marché mondial à divers égards, notamment en ce qui concerne sa part de 5% de l’offre mondiale d’uranium.