Niger : Mohamed Bazoum tente de s’évader
Un rebondissement spectaculaire a secoué le Niger jeudi. Le régime militaire issu d’un coup d’État fin juillet a annoncé que l’ancien président déchu, Mohamed Bazoum, détenu depuis le putsch, avait tenté sans succès de s’évader. Plusieurs personnes ont été appréhendées dans le cadre de cette évasion avortée.
Selon le porte-parole du régime, le colonel-major Amadou Abdramane, l’incident s’est produit jeudi vers 3 heures du matin. Mohamed Bazoum, accompagné de sa famille, de deux cuisiniers et de deux agents de sécurité, a tenté de s’échapper de son lieu de détention. L’initiative a cependant échoué, et les principaux instigateurs de cette évasion avortée, ainsi que certains complices, ont été arrêtés. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de cette tentative.
D’après les informations fournies par Abdramane, le plan d’évasion visait à conduire Mohamed Bazoum d’abord vers une cachette en périphérie de Niamey, avant de prévoir l’utilisation d’hélicoptères appartenant à une puissance étrangère, sans préciser laquelle, pour se rendre au Nigeria. La localisation exacte de l’ancien président déchu jeudi soir n’a pas été révélée.
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Départ des troupes françaises du Niger
Parallèlement à cet événement, les premiers soldats français qui quittaient leurs bases au Niger, conformément à une exigence du régime en froid avec Paris, ont atteint la capitale tchadienne, N’Djamena, par voie terrestre. Le convoi, qui avait quitté Niamey, a franchi la frontière tchadienne en coordination avec les forces nigériennes après un périple de dix jours.
Les rotations aériennes de N’Djamena vers la France sont prévues dans les jours à venir, a déclaré le porte-parole. Le retrait de l’armée française du Niger est une opération complexe qui inclut l’évacuation d’hommes et de matériel principalement par voie terrestre vers le Tchad, et éventuellement le Cameroun, avant un rapatriement en France. Ce trajet de plus de 3.000 km traverse des zones hostiles où des groupes jihadistes sont actifs.
L’armée tchadienne a annoncé qu’elle assurerait l’escorte des convois jusqu’à la frontière camerounaise. N’Djamena est le siège du commandement des opérations françaises au Sahel, abritant environ un millier de militaires français.
La France de plus en plus rejetée par les pays du Sahel
Depuis 2020, la présence française au Sahel a connu une réduction significative. Les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso, et finalement au Niger ont marqué la fin de la force anti-terroristes Barkhane, déployée depuis 2014 au Mali, comptant jusqu’à 5.500 militaires dans la région.
La situation a cristallisé des sentiments anti-français au sein de certaines opinions publiques africaines, suscitant des craintes de manifestations le long des convois. La France continue de soutenir Mohamed Bazoum depuis le coup d’État du 26 juillet et appelle à sa libération, une position partagée par de nombreux pays et organisations. Cependant, le régime militaire reste pour l’instant intransigeant.
Mohamed Bazoum persiste à refuser de démissionner et est retenu prisonnier avec sa femme et son fils dans sa résidence au palais présidentiel. Depuis le coup d’État, le Niger fait face à des sanctions économiques internationales, et de nombreux États ont suspendu leur aide financière.
L’Union européenne, qui a également suspendu son aide, a annoncé jeudi la mise en place d’un «pont aérien humanitaire» pour acheminer des fournitures médicales essentielles à Niamey. Quatre vols seront opérés pour transporter 58 tonnes de fournitures sanitaires essentielles afin de renforcer la réponse humanitaire dans le pays, où les stocks de produits vitaux s’épuisent rapidement. Le premier vol a déjà atterri dans la capitale nigérienne.
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