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Mozambique : TotalEnergies accusé de non-assistance et d’homicides

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Image d’illustration © REUTERS/Charles Platiau - RC192D2D4470

TotalEnergies se prépare à relancer son gigantesque projet de production de gaz naturel liquéfié, Mozambique LNG. Cette inauguration est prévue avant la fin de l’année, deux ans et demi après l’avoir suspendu pour «force majeure». Elle intervient après une attaque terroriste brutale menée par le groupe Al-Chabab, affilié à Daech, dans la province de Cabo Delgado en mars 2021. L’attaque, qui s’est déroulée à proximité du site du projet dans la péninsule d’Afungi, a fait plus de 1.400 morts ou disparus. Parmi eux, des hommes, des femmes et des enfants tués par balle, noyés ou décapités.

Plaintes pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger

Malgré l’amélioration de la situation sécuritaire, TotalEnergies est confronté à des accusations graves. Une plainte pour «homicide involontaire» et «non-assistance à personne en danger» a été déposée à son encontre devant le tribunal judiciaire de Nanterre le 9 octobre. Cette plainte est portée par sept plaignants sud-africains et britanniques, dont des survivants de l’attaque et des proches de victimes. Ces derniers pointent du doigt les activités du groupe français et de sa filiale mozambicaine, Total E & P Mozambique. Ils sont accusés d’avoir manqué à leur devoir de protection des sous-traitants du projet et de n’avoir pas secouru les personnes en danger immédiat de mort. L’enquête déterminera si d’autres personnes physiques ou morales sont aussi impliquées dans ce carnage.

Gestion critiquée de la crise

Dans ce dossier, les prestataires jouent un rôle clé, Total E & P Mozambique sous-traitant les travaux à diverses sociétés. Face à la menace terroriste, TotalEnergies a renforcé la sécurité autour d’Afungi et mobilisé 7.500 soldats de l’armée mozambicaine. Cependant, le groupe s’est concentré sur l’évacuation de son personnel, laissant les sous-traitants exposés aux attaques. Aucun plan d’évacuation n’avait été prévu pour eux, dénoncent les plaignants. Ils critiquent ainsi sévèrement TotalEnergies pour son manque de coordination et de soutien envers les travailleurs piégés dans l’attaque.

Refus d’aide humanitaire : un point de discorde

Au cœur des accusations figure le refus présumé de TotalEnergies de fournir du carburant pour les opérations de secours. Celles-ci étaient menées par la société militaire privée sud-africaine Dyck Advisory Group (DAG). Cette décision aurait entravé les efforts de sauvetage, provoquant des pertes de vies humaines supplémentaires. Les plaignants soulignent que TotalEnergies a ignoré ses responsabilités humanitaires cruciales à un moment de crise.

TotalEnergies répond aux accusations

En réponse à ces allégations, TotalEnergies a dénoncé des «informations inexactes». Le groupe affirme avoir suivi les procédures de sécurité, évacuant le personnel du site d’Afungi, dont les sous-traitants. Il assure avoir aussi fourni une aide d’urgence aux civils réfugiés à l’entrée de son site. TotalEnergies indique, en outre, avoir distribué du carburant aux autorités mozambicaines pour les opérations de sauvetage et d’évacuation. Ainsi, poursuit le groupe, il aurait contribué au sauvetage de 2.500 personnes. Cependant, l’entreprise prétend ne pas avoir eu connaissance de la présence des réfugiés de l’Amarula. Et elle refuse d’être accusée dans cet aspect particulier de l’affaire.

Cette affaire soulève des questions cruciales sur la responsabilité des entreprises multinationales dans des contextes à haut risque. De même, elle met en lumière les enjeux éthiques et humanitaires auxquels elles sont confrontées. L’enquête en cours déterminera le degré de responsabilité de TotalEnergies dans cet événement tragique. Elle se penchera aussi sur ses implications futures pour les entreprises engagées dans des projets similaires à travers le monde.

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