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Monnaie numérique : les banques centrales africaines en première ligne

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En 2030, les transactions en monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pourraient exploser à 213 milliards de dollars. Les MNBC trouveront un terreau fertile dans deux besoins fondamentaux : accroître l’inclusion financière des populations et renforcer la traçabilité des transactions par les pouvoirs publics. Et, c’est sur les terres arides de la bancarisation que les MNBC feront la plus grande percée, notamment en Afrique où les usages de paiement mobile sont déjà largement répandus pour combler le manque d’infrastructures bancaires.

D’une centaine de millions de dollars en 2023, les transactions en Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC) pourraient atteindre 213 milliards de dollars à l’horizon 2030 prévoit le cabinet Juniper Research. Plus d’une centaine de pays se sont engagés dans l’exploration des MNBC avec des projets à différents niveaux de maturité. En Afrique, des projets sont en cours de développement en Égypte, au Ghana, au Maroc, au Nigéria, entre autres… «Sur la MNBC, les pays africains convergent, avec peu de décalages dans le temps, vers une approche prudente, graduelle, et pragmatique», relève le Pr Christian de Boissieu dans une analyse pour le Policy Center For The New South.

Les responsables africains ont identifié plusieurs avantages à l’adoption de la MNBC, notamment la lutte contre l’influence excessive des cryptomonnaies, l’inclusion financière accrue et la stimulation des transferts internationaux de devises.

Lire assui : Le trésor caché des banques centrales africaines

L’Afrique est un continent en avance en matière de monétique et de digitalisation des paiements. La densité de la téléphonie mobile est très élevée et la population utilise souvent les services bancaires mobiles pour effectuer des transactions financières. Cela a permis aux pays africains de rattraper leur retard en matière de monétique en sautant l’étape du chèque. Le taux de pénétration du mobile dans les pays africains est en constante évolution. Pour les responsables africains, l’adoption de la MNBC est un moyen de réduire la fracture sociale car elle favorisera l’inclusion financière, y compris en milieu rural.

La MNBC peut également contribuer à la réduction des coûts de transaction pour les transferts internationaux de devises, ce qui est crucial pour les économies africaines qui dépendent fortement des envois de fonds de la diaspora. Le lancement de l’e-naira au Nigeria et de l’e-cedi au Ghana est une étape importante dans ce sens.

Lire aussi : Coût des transactions: encore du chemin avant la fin du racket

Un nouvel instrument de souveraineté monétaire

Initialement envisagée pour contrer l’émergence d’acteurs privés susceptibles de menacer le mandat des banques centrales, la MNBC est devenue un enjeu majeur. Il s’agit d’un instrument qui permet aux États de protéger et renforcer leur souveraineté monétaire, tout en favorisant l’innovation financière dans les paiements. Les États-Unis, la Chine et l’Europe voient dans cette technologie une opportunité de renforcer l’influence de leur monnaie à l’échelle internationale.

Lire aussi : Secteur bancaire africain : des risques maîtrisés ?

Cependant, cette course à la MNBC soulève des enjeux majeurs en termes de sécurité, de réglementation et de coopération internationale. Pour éviter la multiplication d’îlots numériques non interopérables, les États doivent travailler ensemble pour développer des normes communes en matière de MNBC. Celle-ci offre également une opportunité unique pour les États de repenser leur stratégie monétaire à l’ère du numérique en exploitant les avantages de la technologie blockchain et en offrant de nouvelles options à leurs concitoyens. En Afrique, la MNBC peut aider les États à renforcer leur souveraineté monétaire et à promouvoir l’inclusion financière en offrant de nouvelles options de paiement aux populations non bancarisées.

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