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Mauritanie : un procès exceptionnel contre l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz

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Le procès de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz s’est ouvert mercredi 25 janvier à Nouakchott. Il devient l’un des rares ex-chefs d’État à devoir rendre compte sur la façon dont il s’est enrichi au pouvoir. Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang.

«C’est une première dans l’histoire de la Mauritanie et peut-être même dans celle du monde arabe qu’un ancien président s’explique sur son enrichissement», a déclaré à l’AFP l’un des nombreux avocats représentant l’État, Me Brahim Ebetty.

Ould Abdel Aziz, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019, ainsi qu’une dizaine d’anciens Premiers ministres et ministres et des hommes d’affaires doivent répondre devant le tribunal de multiples chefs d’accusation, dont «enrichissement illicite», «abus de fonctions», «trafic d’influence» ou «blanchiment».

Ils sont soupçonnés de malversations dans la passation de marchés publics ou la cession du domaine immobilier et foncier de l’État.

La justice mauritanienne a fait arrêter mardi après-midi l’ancien président, a indiqué un de ses avocats. Après lui avoir demandé de se présenter à la police, ce que ses avocats ont refusé, les policiers «sont venus le chercher chez lui» à Nouakchott avec un mandat, a dit à l’AFP Me Ciré Cledor Ly.

Deux semaines plus tôt, alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Paris, l’ancien président a été intercepté à l’aéroport de Nouakchott par la gendarmerie, qui lui a confisqué son passeport.

Au complot

Mohamed Ould Abdel Aziz se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à 67 millions d’euros au moment de son inculpation en mars 2021. Sans nier être riche, l’ancien président a refusé de s’expliquer sur l’origine de sa fortune et crie à la machination politique.

«Tous les gens présents dans le box ont utilisé le nom de l’État, la fonction de l’État, particulièrement M. Aziz» pour s’enrichir, dit le bâtonnier Ebetty.

L’homme de 66 ans n’a cessé de nier les faits depuis que l’étau a commencé à se resserrer sur lui en 2019 et crie au complot destiné à l’écarter de la politique. C’était quelques mois après qu’il eut cédé la place à l’issue d’élections à l’un de ses plus fidèles compagnons, son ancien chef d’état-major Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, première transition non imposée par la force dans un pays abonné aux coups d’État depuis l’indépendance.

Il se présentera au tribunal pour «défendre (son) honneur» contre des «accusations extravagantes, fallacieuses, concoctées par une équipe hybride sélectionnée au service de l’injustice», a-t-il écrit mardi dans une déclaration transmise par un de ses avocats.

“Rendez l’argent”

Plusieurs Mauritaniens interrogés par l’AFP espèrent que le procès aura valeur d’exemple dans un pays classé 140e sur 180 par l’organisation anticorruption Transparency International.

Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le Palais avant le procès, les uns pour soutenir l’ancien chef d’État, d’autres pour réclamer sur des pancartes qu’il «(rende) l’argent».

Peut-être unique, le moment risque de n’être jamais documenté par l’image. La justice a interdit tous les appareils de prise de vue dans la salle, dont les téléphones portables.

 

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