Mali : les 49 soldats ivoiriens graciés par le chef de la junte
Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a accordé, vendredi 6 janvier, sa grâce «avec remise totale des peines» aux 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet. Le communiqué précise que ces soldats avaient été arrêtés, puis inculpés mi-août de «tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État» et écroués.
«En cette circonstance, le Gouvernement de la Transition et le Peuple malien remercient SE le Colonel Assimi GOÏTA, pour ce geste qui démontre une fois de plus son attachement à la paix, au dialogue, au panafricanisme, à la préservation des relations fraternelles et séculaires avec les pays de la région, en particulier celles entre le Mali et la Côte d’Ivoire», souligne la source.
La justice malienne avait, par ailleurs, condamné, le 30 décembre, trois femmes parmi eux à la peine de mort par contumace. Celles-ci ont été libérées à la mi-septembre. Les 46 soldats restants ont été condamnés, pour leur part, à vingt ans de réclusion criminelle.
Détaillant les infractions retenues contre lesdits «mercenaires», le décret présidentiel énumère des «crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’État, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur».
Communiqué N°043 du 06 janvier 2023 du Gouvernement de la Transition relatif à la grâce présidentielle accordée aux 49 Ivoiriens condamnés par la justice malienne. pic.twitter.com/FsNPCt4W2D
— Ministère des Affaires étrangères du Mali (@MaliMaeci) January 6, 2023
Depuis le 10 juillet dernier, la Côte d’Ivoire exige la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu’ils aient été ou soient des «mercenaires», affirmant qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).
Ces derniers auraient été engagés à Sahelian Aviation Services, une société privée engagée par les Nations unies pour travailler au Mali. Mais pour Bamako, ces soldats ivoiriens auraient voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n’en soient informées.
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Une délégation officielle ivoirienne, en présence du ministre togolais des Affaires étrangères, s’était déplacée à Bamako le 22 décembre pour rencontrer les autorités maliennes dans une ambiance «fraternelle». Le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, frère du chef de l’État, avait alors assuré que l’affaire était «en voie de résolution».
Cette visite s’est conclue par «la signature d’un Mémorandum d’entente relatif à la promotion de la paix et au renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage entre la République du Mali et la République de Côte d’Ivoire», peut-on lire sur le communiqué. Et de souligner que cette grâce vient ainsi «conforter cette dynamique créée».
Plus tard, le président togolais, Faure Gnassingbé, s’était également rendu, le temps de quelques heures, dans la capitale malienne, tentant d’apaiser les tensions dans cette affaire et plaidant pour «la grâce présidentielle», avait indiqué à l’AFP un responsable de la présidence malienne.
Dans le communiqué diffusé par son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maiga, le gouvernement de la Transition a renouvelé sa «profonde reconnaissance» au président Gnassingbé, pour «son engagement constant pour le dialogue et la paix dans la région».
Par ailleurs, la même source ajoute que le gouvernement de Bamako s’est dit «indigné par l’attitude partiale de certains responsables». La Transition a, en effet, fustigé la position «agressive» du président de la CEDEAO, le bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo.
«Le cas le plus récent est la position agressive du Président en exercice de la CEDEAO, SE M. Umaro Sissoco Embalo, qui après avoir échoué lamentablement à porter atteinte à l’honneur du Mali devant les instances internationales, vient d’opposer un ultimatum au Gouvernement de la Transition concernant la libération des ivoiriens», précise le communiqué.
Début décembre, les dirigeants des États d’Afrique de l’Ouest avaient, en effet, fixé un ultimatum à la junte malienne, exigeant qu’elle libère avant le 1er janvier les 46 soldats ivoiriens toujours détenus, sous peine de sanctions.
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Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des «dysfonctionnements» dans une note adressée au gouvernement malien et admis que «certaines mesures n’ont pas été suivies». La présidence ivoirienne avait elle aussi reconnu en septembre «des manquements et des incompréhensions», propos volontiers considérés du côté malien comme les excuses qu’il réclamait.