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L’opium du peuple

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La grande fête du football africain, la «CAN», qui démarre samedi 13 janvier en Côte d’Ivoire, va focaliser l’attention des populations pendant trois semaines. D’avance pardon à tous ceux qui subiront les désagréments d’interminables et bruyantes discussions de la troisième mi-temps.

Ce n’est pas du tout le cas de nos dirigeants. Ceux dont les équipes nationales participent à cette CAN, espèrent surtout que cette fête populaire soit un anesthésiant des difficultés quotidiennes qu’affrontent leurs peuples pendant le tournoi. Et bien au-delà, en cas de victoire. Par son caractère universel et le nationalisme qu’il exacerbe dans toutes les couches sociales, le foot a toujours rempli sa fonction d’«opium du peuple». Les politiques ont compris tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer du sport le plus populaire de la planète. Le foot est un formidable instrument d’aliénation de masse et une «arme de diversion massive» qui assure momentanément la paix sociale au pouvoir en place. Le football sert aussi de vecteur identitaire pour flatter l’orgueil national et le patriotisme.

Ce n’est pas par hasard que le foot, du moins la sélection nationale, est le seul sport en Afrique pour lequel les plus hautes autorités du pays se mobilisent pour s’assurer «que rien ne manque» aux joueurs. On n’a jamais vu une sélection de handball ou de judo reçue en grande pompe au Palais présidentiel avant une compétition internationale. Ce qui n’empêche pas, au passage, des querelles sur les primes des joueurs, dont une partie est souvent détournée par les responsables dans les ministères et les fédérations.