Les Ghanéens de plus en plus lassés de la situation économique
Le Ghana vit sa pire crise économique depuis une génération. Le pays est en défaut de paiement depuis le 19 décembre, l’inflation dépasse les 40 % en rythme annuel.
Les effets de la crise sont visibles partout dans la capitale. La circulation jadis saturée est devenue fluide, les marchés sont presque vides et les boutiques désertées.
Face à l’inflation qui dépasse les 40 %, il a fallu trouver des parades. Beaucoup de Ghanéens se sont mis à sauter des repas, ou à troquer les transports en commun contre la marche. Ousmane Mohammed Awni, qui dirige un garage dans le quartier de Nima, raconte comment la situation s’est dégradée.
«Quand vous allez au marché, les prix changent tous les jours. J’ai dû réduire toutes mes dépenses. J’avais fait installer l’air conditionné, mais à cause du prix de l’électricité, je n’en peux plus. J’avais 5 ou 6 apprentis à la fois, mais maintenant, je travaille seul. Je ne pouvais plus me permettre de payer leurs salaires».
Tous les commerçants souffrent de la dévaluation vertigineuse de la monnaie locale, le cedi, qui a perdu la moitié de sa valeur face au dollar. Au grand marché de Makola, un vendeur de vêtements, dénommé Lord, tient l’une des rares boutiques en dur. L’air découragé, il est assis les bras ballants devant sa marchandise, que personne ne s’arrête plus pour regarder.
«Les vêtements que je vendais à 70 cedis avant la crise, je les vends maintenant à 100 cedis. Si vous n’augmentez pas vos prix, vous ne pouvez pas survivre», explique Lord. «La dévaluation est trop importante, c’est devenu très difficile de faire des affaires. Tout ce qu’on peut faire, c’est prier pour que la dévaluation cesse et qu’on puisse reprendre les affaires.»
Le Ghana a passé mi-décembre un accord de 3 milliards de dollars avec le FMI… Une décision impopulaire dans un pays fier de sa souveraineté monétaire. Mais pour Mohammed Seidu Lansah, journaliste et essayiste ghanéen, il était inévitable qu’il souffre plus de la crise économique mondiale que ses voisins francophones.
Et dans la population, la grogne monte. Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue le mois dernier pour dénoncer l’incurie des autorités et appeler à la démission du président Akufo-Addo et de son ministre des Finances.