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Le trésor caché des banques centrales africaines
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Les tensions économiques et géopolitiques ont été rarement aussi nombreuses et intenses que ces dernières années. Dans ce contexte, l’or est très convoité par les banquiers centraux. Ces derniers en ont acquis 1.136 tonnes en 2022, selon le conseil mondial de l’or. Du jamais vu depuis 1967.
L’or, un actif rassurant
S’il n’a plus de rôle monétaire depuis 1971, l’or reste un actif qui inspire confiance. En période de crise, il apparaît comme la valeur refuge par excellence et le moyen de paiement international ultime, accepté partout et en toutes circonstances. Il constitue également un instrument de couverture contre le risque d’une exposition significative aux variations du cours du dollar américain. Les banques centrales émergentes se retrouvent donc en première ligne parmi celles qui accumulent le métal doré.
Seulement 2% des réserves mondiales en Afrique
À côté de la Turquie et de la Chine, l’Egypte a été très active sur le marché l’année dernière avec un stock d’or ayant augmenté de 44,6 tonnes pour atteindre 126 tonnes. Ce niveau en fait le deuxième stock le plus important en Afrique pour une banque centrale, un chouya devant l’Afrique du Sud qui dispose d’une réserve de 125 tonnes. Avec 174 tonnes, la Banque centrale d’Algérie détient le plus gros stock d’or parmi ses pairs africains, autant que toutes les banques centrales d’Afrique subsaharienne (172 tonnes). La Libye comptabilise 117 tonnes d’or alors que le Nigéria et le Maroc respectivement 21 et 22 tonnes.
Contrairement à l’Egypte, tous les autres grands pays africains ont arrêté leurs achats. Le stock détenu par le Maroc et le Nigéria par exemple est inchangé depuis au moins 20 ans, tandis qu’il a baissé de 49 tonnes pour l’Afrique du Sud sur la période. Au total, les banques centrales africaines veillent sur un trésor de 619 tonnes d’or à fin 2022, soit 2% des réserves des banques centrales.
Un rôle important dans les réserves de change
La part d’or dans les réserves de change varie selon les pays. Elle est inférieure à 5% au Nigéria et au Maroc et monte à 12% en Afrique du Sud et 14% en Algérie. Le métal jaune représente 23% des réserves de change de l’Egypte. Plus que les autres, c’est peut être le pays qui a le plus besoin de dédollariser ses réserves de change. Les autorités égyptiennes doivent lutter contre l’effondrement de la livre face au dollar qui se renchérit au fur et à mesure que la Fed remonte ses taux. En un an, les autorités monétaires égytptiennes ont procédé à trois dévaluations, soit au total 42%. Une des conséquences de la chute de la devise est l’accélération de l’inflation importée. En tout, les prix à la consommation ont augmenté de plus de 13% en 2022.
L’Egypte a conclu avec le FMI, un plan de soutien financier de 3 milliards de dollars. Cette aide est assortie de certaines conditions dont l’adoption d’un régime de change flottant. Sa mise en place a aboutit à l’effondrement de la livre sur les marchés, la Banque centrale ayant désormais renoncé à soutenir la devise afin de protéger ses réserves de change. « À ce stade, elle n’a pas encore mis en place les structures pour la création d’un véritable marché à terme de la devise. La flexibilisation du régime de change reste donc encore en partie en devenir, ce qui explique aussi les décrochages brutaux de la monnaie comme celui de début 2023 » notent les économistes de BNP Paribas.