Le «syndrome» Erdogan
Les dirigeants africains ont suivi avec beaucoup d’intérêt, voire de l’admiration, l’élection présidentielle turque de ce dimanche de Pentecôte. Tous se demandent par quelle magie Recep Tayyip Erdogan s’apprête à être réélu alors que l’inflation dans son pays frôle les 80%, qu’une partie des classes moyennes replonge dans la précarité et que des centaines de milliers de jeunes n’ont plus de perspectives d’avenir ? Ils voudraient tous consulter le marabout du président turc. Car comme Erdogan, les dirigeants africains sont frappés par le syndrome du « mandat de trop » au motif « qu’ils n’ont pas encore achevé leurs chantiers ». Macky Sall au Sénégal, Eyadema au Togo, et la liste n’est pas finie.
Sur le plan économique, Ankara est aujourd’hui un partenaire de premier plan du continent. Quel que soit le vainqueur du scrutin, la vision africaine du pays ne devrait pas changer. Les échanges entre la Turquie et l’Afrique s’élèvent à plus de 25 milliards de dollars. Le continent représente 10% des exportations turques.
Symbole de cette percée, les entreprises de BTP turques sont présentes dans la construction de routes, ponts, lignes de chemin de fer, aéroports ou mosquées un peu partout sur le continent. Quitte à évincer l’«ami» chinois. Les affaires sont les affaires. Par ailleurs, Turkish Airlines est devenue une des compagnies aériennes majeures en Afrique où elle dessert une soixantaine de destinations. Dans la foulée, elle a entraîné une importante activité du tourisme médical vers Istanbul devenue de fait, une sorte de « pavillon médical africain ».
La stratégie africaine de la Turquie ne se résume pas au business. Ankara vend des armes aux Africains, y compris aux régimes peu recommandables.