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Le Nigéria peut-il échapper à un défaut de paiement ?
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Les difficultés s’amoncellent sur la première économie du continent. Ces derniers mois, les agences de notation Fitch et Moody’s ont décidé de dégrader la note du Nigéria à respectivement B- et B3. La note de crédit du géant de l’Afrique de l’ouest n’est qu’à un cran des catégories CCC et Caa réservées aux émetteurs dont le niveau de risque de crédit est très élevé, proche de la défaillance.
Les agences de notation ont des doutes sur la capacité du Nigéria à honorer ses échéances de crédit. Bien que la dette publique reste en dessous du seuil d’alerte, de grosses inquiétudes planent sur le service de la dette qui absorbe la totalité des recettes budgétaires. «Cette situation s’explique principalement par une hausse des charges d’intérêt et les nouveaux emprunts contractés par l’État pour financer son déficit», relèvent les équipes du bureau d’analyse et de recherche du groupe Crédit Agricole. Elle interroge sur la soutenabilité de la dette dans un contexte de remontée du coût du capital à l’international.
Pour Moody’s, la chute des réserves de changes observée depuis le début de l’année et la dépréciation du Naira pourraient obérer le remboursement de la dette publique libellée en devises. Malgré des cours de pétrole favorables, le Nigéria n’en tire plus pleinement profit en raison d’une production qui s’est effondrée en raison des pillages et du vandalisme sur les oléoducs. La production journalière reste très loin du quota de l’OPEP+ et le pays a même perdu sa place de premier producteur africain au profit de l’Angola, notent les analystes.
3,3% de croissance et un déficit budgétaire de 6,2% prévus en 2022
Au-delà du choc lié à la pandémie du coronavirus, la croissance nigériane était sur une pente glissante depuis quelques années. En moyenne, la production nationale a progressé de 1,1% sur les sept dernières années (contre 6,8% la période précédente) alors que l’accroissement démographique est de 2,5% en moyenne par an. Pour 2022, le pays est crédité d’une croissance de 3,3% par le FMI. Le déficit budgétaire ressortirait à 6,2%.
Le budget 2023 présenté par l’administration actuelle «ne favorise ni la transformation structurelle ni la diversification de l’économie, pourtant des leviers essentiels pour replacer la croissance et les finances publiques sur une trajectoire soutenable», commentent les analystes. Les charges de la dette, du personnel et les dépenses de fonctionnement concentreront plus de 60% des dépenses. Le pays va élire son prochain président en février prochain. «Bien que l’horizon à court terme semble s’assombrir, la situation pourrait tout de même nettement changer si le prochain gouvernement décide de ne pas s’aligner sur le budget de l’administration Buhari et de s’engager dans des réformes structurelles», estiment les spécialistes.
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