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Le match des Big Four dans l’industrie des sports en Afrique

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Fabrice Comlan, associé Conseil au sein de PwC Afrique Francophone sub-saharienne © DR

Fabrice Comlan est associé Conseil au sein de PwC Afrique Francophone sub-saharienne. Dans son cahier des charges, il est responsable, entre autres, du développement de l’activité conseil auprès des acteurs du secteur privé et public, mais aussi aux fédérations sportives, clubs et aux acteurs institutionnels du milieu sportif. Outre la forte concurrence marquée par la présence des autres membres des Big Four positionnés sur ce créneau, il lui faudra aussi convaincre un écosystème qui ne jure souvent que par le foot.

LeBrief Afrique : L’accompagnement des organisations sportives est un axe de développement de PwC en Afrique Francophone. Quelles sont vos ambitions dans ce domaine ?

Fabrice Comlan : PwC se positionne aujourd’hui plus que jamais sur le conseil dans l’industrie du sport. En effet, dans le cadre de notre partenariat avec Paris 2024, PwC France accompagne actuellement les équipes du comité d’organisation sur des enjeux clés de cette compétition mondiale, tels que les finances, la gestion des ressources humaines, le pilotage de projet, le juridique, l’audit interne ou encore la gestion des risques. De plus, le Comité d’organisation de Paris 2024 s’étant donné pour ambition d’organiser des Jeux plus verts, plus inclusifs et plus solidaires, PwC met à sa disposition ses experts sur les problématiques de développement durable.

Pour terminer, pour vous montrer l’intérêt que nous portons pour l’industrie du sport aujourd’hui, nous (PwC Afrique Francophone & PwC France) sommes partenaire officiel du Sport Impact Summit 2023, l’évènement référence du sport en Afrique, qui se tiendra les 5, 6, 7 novembre à Dakar.

À titre personnel et en tant qu’amateur de basketball, je crois profondément aux vertus du sport. En plus de son rôle mobilisateur, lorsqu’il est adossé à un écosystème structuré, le sport peut être un outil de lutte contre de nombreux fléaux dans la société. Si la NBA en partenariat avec la FIBA a créé la « Basketball Africa League (BAL) », l’équivalent de la «Champions League» du basketball en Afrique, c’est bien parce qu’il y a des talents et du potentiel en Afrique. Cette initiative de League professionnelle de basketball sur notre continent impacte d’ores et déjà les standards de l’encadrement technique des joueurs, l’organisation des championnats nationaux, mais aussi contribue à créer tout un écosystème/une industrie autour de cette League. Chez PwC Afrique Francophone, nous voulons accompagner et soutenir cette dynamique en apportant notre expertise-conseil aux acteurs de l’écosystème du sport dans la sous-région : fédérations, clubs, équipementiers, organisateurs d’évènements sportifs, etc.

Vous semblez très optimiste. Peut-on développer le sport sans professionnalisation, et en plus dans un environnement où la politique sportive se réduit souvent aux sélections nationales de football ?

Je vous le concède, mais c’est tout l’intérêt d’accompagner les acteurs du sport à mieux s’organiser, à mettre en place des processus de bonne gouvernance, à élaborer, opérationnaliser, suivre et évaluer leur plan stratégique, à mettre en œuvre des processus d’optimisation de leur gestion financière, à identifier et nouer des partenariats stratégiques, à savoir bien se couvrir juridiquement, etc.

Nous pouvons par ailleurs les aider à réfléchir aux différentes pistes de solutions sur comment diversifier leurs sources de financement. Mais encore, comment organiser leur fonctionnement interne afin de mieux séparer les activités «techniques/sportives» des activités purement de gestion. Il ne faut pas non plus négliger les aspects liés au capital humain, s’assurer d’avoir les bonnes personnes aux bons postes, d’où de bons processus d’identification et de rétention des talents. Notre mission est d’aider les fédérations à se structurer et les clubs à asseoir les bases du professionnalisme. C’est à cette condition que le sport africain peut aspirer à créer un écosystème économique qui lui assurera des ressources stables et des performances dans la durée.

Quels premiers retours avez-vous des acteurs du sport que vous avez approchés ?

Tout dépend du dirigeant. J’ai déjà eu à collaborer avec le président de la Fédération de handball du Bénin, par exemple. Il m’avait spontanément approché afin de l’aider à mieux structurer la fédération et à nouer des partenariats stratégiques avec des organisations similaires et des acteurs du monde économique. Le tout dans l’objectif de relever le niveau de performance de la discipline dont il a la charge. Il avait compris de lui-même le bien fondé de se faire accompagner par un cabinet.

En général, les dirigeants qui ont une vision, procèdent par palier. Leur priorité immédiate est de professionnaliser le fonctionnement de leur organisation et d’améliorer sa gouvernance. Ils savent que c’est un prérequis avant d’aller solliciter des partenariats et/ou mobiliser des fonds.

On reproche souvent aux cabinets-conseil de trop focaliser sur ce qu’il faut faire en faisant l’impasse sur le comment faire. Comment PwC Afrique francophone évite « la tentation du Power Point » ?

Je l’admets. Il est très facile de dire «quoi» faire mais plus difficile d’expliquer «comment» y arriver. Je ne suis pas en train de dire qu’élaborer une stratégie ou une feuille de route est un exercice nécessairement facile, toutefois, vous soulevez là un point crucial dans nos environnements. La plupart des organisations en Afrique subsaharienne ont de beaux plans stratégiques, mais leur opérationnalisation piétine. C’est, en effet, un processus qui s’inscrit dans la durée, car supposant des changements profonds de culture, mais nécessitant aussi rigueur, détermination et un fort engagement presque constant du top management.

McKinsey, BCG, Bain pour ne citer que ces trois, sont considérés comme des cabinets spécialisés en stratégie. Bien que nous, PwC, accompagnions aussi nos clients dans l’élaboration de leur stratégie, nous allons un peu plus loin en les assistant dans la mise en œuvre de cette dernière. Voilà notre vraie valeur ajoutée ; nous sommes aux côtés de nos clients tout au long de leur transformation ; car nous pensons que c’est dans cette phase qu’ils ont le plus besoin de nous; c’est la phase où «ça passe ou ça casse».

PwC Afrique Francophone veut se positionner comme le cabinet le plus pertinent, le plus fiable pour ses clients, le plus porteur et le plus apprenant pour les jeunes talents sur le continent. Notre ambition est d’être de vrais «problems solvers» et avoir un impact sur notre société.

Propos recueillis par Abashi Shamamba pour Lebrief Afrique

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