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Le Mali accuse l’Algérie d’ingérence en soutenant les groupes terroristes

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Le président de la transition du Mali, Assimi Goïta, et le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. DR

Les tensions entre le Mali et l’Algérie s’intensifient après des déclarations controversées du ministre algérien des Affaires étrangères, qui a nié le caractère terroriste des groupes armés au Mali. Bamako accuse Alger de soutenir ces groupes et rejette toute médiation, affirmant sa souveraineté dans la lutte contre le terrorisme. Détails.

La tension est vite montée entre le Mali et l’Algérie, après la sortie polémique du ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf. Ce dernier a déclaré que dans le nord du Mali, la solution n’est pas militaire, mais surtout que les groupes armés qui se battent contre le gouvernement malien ne sont pas des terroristes, une position contraire à celle de Bamako. Pour le diplomate algérien, ce sont des groupes impliqués dans le processus de paix. Et d’ajouter que ce processus de paix devrait pouvoir reprendre.

Face à cette déclaration du chef de la diplomatie algérienne, la réponse de Bamako ne s’est pas fait attendre. C’est à travers un communiqué que son homologue malien a accusé l’Algérie de «complicité» avec des groupes terroristes et d’ingérence dans ses affaires intérieures. Bamako a notamment dénoncé «la sympathie manifeste des autorités algériennes à l’égard des groupes terroristes opérant au Mali et au Sahel».

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Le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop soutient avoir déjà dénoncé la proximité et la complicité de l’Algérie avec les groupes terroristes qui déstabilisent le Mali et à qui elle a offert le gîte et le couvert. Il a condamné avec la dernière vigueur cette nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires intérieures du Mali.

Le Mali, qui a opté pour une approche militaire en coopération avec le Burkina Faso et le Niger dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), rejette fermement toute médiation future de l’Algérie. Dans le communiqué, les autorités de la transition malienne expliquent que «les options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes, soutenus par des sponsors étatiques étrangers, relèvent exclusivement de la souveraineté du Mali» et de ses voisins burkinabè et nigérien avec qui le Mali a créé une confédération après avoir fait sécession de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), jugée inféodée à la France.

Le ministre des Affaires étrangères du Mali invite ainsi Alger à cesser de faire de son pays un levier de son positionnement international. Tout en demandant de recentrer leur énergie sur la résolution de leurs propres crises et contradictions internes comme la question Kabyle.

Une stratégie de repositionnement

Selon certains experts en analyse politique, l’Algérie traverse une phase délicate de repositionnement stratégique, en cherchant à étendre son influence avec sa position à la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle ambitionne de rallier les pays africains et les puissances internationales à sa vision pour le Sahel. Cependant, son absence parmi les membres permanents du Conseil, et donc son manque de droit de veto, limite son influence. Par ailleurs, le Mali dispose d’alliés influents comme la Russie et la Chine, qui veilleront à préserver leurs propres intérêts dans la région. Ces facteurs réduisent les chances de l’Algérie d’imposer ses objectifs dans ce contexte géopolitique complexe et compétitif.

Pour rappel, le 25 janvier 2024, les autorités maliennes avaient annoncé la fin immédiate de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015, autrefois considéré comme indispensable pour stabiliser le pays. Cet accord était déjà fragilisé depuis la reprise en 2023 des hostilités par les groupes indépendantistes à dominante touareg dans le Nord. Ces affrontements ont été exacerbés par le retrait de la mission des Nations unies (Minusma), poussée hors du Mali par la junte après une décennie de présence.

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La décision de mettre fin à cet accord s’inscrit dans une série de ruptures menées par les militaires qui ont pris le pouvoir par un coup d’Etat en 2020. Ils ont rompu leur alliance historique avec la France et ses partenaires européens, privilégiant un rapprochement stratégique avec la Russie, et ont mis un terme à la présence de la Minusma.

Les groupes touaregs, qui s’étaient déjà insurgés en 2012 pour l’indépendance ou l’autonomie du Nord, avaient relancé les hostilités. Leur soulèvement avait permis à des groupes islamistes radicaux de prendre le dessus, conquérant l’essentiel du Nord et déclenchant une intervention militaire française. Malgré l’accord de 2015, les terroristes, affiliés à Al-Qaïda ou à Daech ont poursuivi leurs attaques contre l’Etat, plongeant le Sahel dans une guerre persistante.

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