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L’Afrique subsaharienne en première ligne face à la fragmentation mondiale

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4% du PIB ! Ce sont les pertes économiques que pourrait subir l’Afrique subsaharienne dans un monde fortement fragmenté, selon les estimations du FMI. La région risque d’être la plus pénalisée dans un tel scénario. En revanche, une fragmentation limitée pourrait avoir des effets bénéfiques. Face aux chocs extérieurs, il est essentiel que les pays africains renforcent leur résilience en intensifiant leur intégration régionale, notamment dans le cadre de la Zlecaf et en augmentant la disponibilité des ressources intérieures.

Le conflit russo–ukrainien, dont l’issue reste incertaine, continue d’exercer de fortes pressions sur les économies africaines déjà affaiblies par la pandémie du covid-19. Mais, l’inflation, la remontée des taux d’intérêt, les goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement… ne sont qu’une des facettes de ce conflit qui semble avoir fortement déstabilisé l’ordre mondial. Dans un monde de plus en plus polarisé, les conséquences économiques d’une fragmentation géoéconomique pourraient être désastreuses pour l’Afrique subsaharienne, relève le FMI dans une note sur la région.

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Les méfaits d’un monde polarisé

Dans un scénario où le monde serait divisé en deux blocs commerciaux, l’un constitué autour des États-Unis et de l’UE et l’autre, autour de la Chine, la moitié de la valeur du commerce actuel de l’Afrique subsaharienne avec le reste du monde serait affectée. Les pertes économiques pour la région seraient importantes, avec une baisse permanente de 4% du PIB réel après dix ans, par rapport à un scénario de référence sans fragmentation. Ces pertes seraient plus prononcées dans les pays davantage intégrés au commerce mondial et dans ceux qui commerçaient initialement le plus avec les 2 blocs et devant faire un choix (les pays qui échangent davantage avec les États-Unis qu’avec la Chine seraient affectés au bloc États-Unis/UE et ceux qui commercent davantage avec la Chine seraient affectés au bloc Chine). Les perturbations des mouvements de capitaux et des transferts de technologie pourraient entraîner des pertes supplémentaires de 10 milliards de dollars d’entrées d’IDE et d’aide publique au développement, soit l’équivalent d’un demi-pourcent du PIB par an.

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Des scénarios alternatifs

Mais, tout n’est pas perdu pour l’Afrique subsaharienne. Des scénarios de recomposition géopolitique plus modérée pourraient faire émerger de nouveaux partenariats commerciaux pour la région. Dans une configuration où les liens sont rompus uniquement entre la Russie et les États-Unis/l’UE, tandis que les pays d’Afrique subsaharienne continuent de commercer librement (ce que l’on appelle le « découplage stratégique »), les flux commerciaux seraient partiellement détournés vers le reste du monde, et le commerce à l’intérieur de la région de l’Afrique subsaharienne pourrait augmenter. Les pays exportateurs de pétrole fournissant de l’énergie à l’Europe seraient particulièrement gagnants dans ce cas. Dans la mesure où un certain nombre de pays africains bénéficieraient de l’accès à de nouveaux marchés à l’exportation et d’une baisse des prix des importations, la région dans son ensemble ne subirait pas de perte de PIB par rapport au scénario de référence.

Cependant, ces scénarios plus optimistes dépendent de la capacité de l’Afrique subsaharienne à trouver de nouveaux partenaires commerciaux et à renforcer son commerce intra-régional. La fragmentation géoéconomique pourrait entraver la croissance tirée par les exportations et les transferts de technologie dont la région a tant besoin à long terme. Par conséquent, les décideurs politiques doivent être vigilants et travailler à promouvoir une intégration économique régionale accrue et des partenariats commerciaux diversifiés pour réduire la vulnérabilité de la région aux chocs économiques externes.

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