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L’Afrique face aux défis de la gouvernance des océans

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Les océans font face à des menaces croissantes liées au changement climatique et à l’exploitation excessive. La gouvernance durable des ressources maritimes est essentielle pour protéger ces écosystèmes et assurer la sécurité alimentaire des communautés côtières. Le Cap-Vert se positionne en pionnier et plaide pour une coopération régionale renforcée et des politiques adaptées : en s’engageant à promouvoir une économie bleue durable, les pays africains peuvent garantir un avenir meilleur pour leurs océans et leurs populations.

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Les océans jouent un rôle vital dans la subsistance des populations africaines. Celles-ci dépendent, en effet, des ressources maritimes pour leur alimentation, leur emploi et leurs revenus. Environ 38% des Africains vivent à moins de 100 kilomètres des côtes, et la pêche emploie plus de 12 millions de personnes, contribuant au PIB du continent à hauteur de 10 milliards de dollars par an. Cependant, la pression croissante sur ces espaces marins, exacerbée par le changement climatique et l’exploitation intensive des ressources, menace non seulement l’équilibre écologique, mais aussi la sécurité alimentaire et le bien-être des communautés côtières, ont déclaré les spécialistes.

Dans ce contexte, la gouvernance des océans devient essentielle. La gestion durable des pêcheries, la protection des habitats marins et la régulation des activités économiques en mer sont cruciales pour maintenir la santé des écosystèmes marins et préserver les moyens de subsistance des populations. Toutefois, ces enjeux ne peuvent être abordés de manière isolée. Une coopération internationale renforcée est indispensable, en particulier entre les pays du Sud, pour promouvoir des solutions adaptées aux spécificités locales tout en s’inscrivant dans l’agenda mondial.

C’est dans cette optique que le Maroc, avec le soutien des Nations unies, a organisé une consultation africaine, en préparation de la troisième Conférence des Nations unies sur les Océans (UNOC-3), à Tanger. Cette rencontre offre une plateforme pour aligner les priorités des États africains avec celles de la communauté internationale, tout en favorisant une dynamique africaine forte dans la gouvernance des océans. En rassemblant des acteurs publics, privés et de la société civile, cette consultation vise à renforcer les capacités locales, promouvoir la coopération Sud-Sud, et faire en sorte que les défis spécifiques du continent, notamment liés à l’exploitation durable et à l’adaptation au changement climatique, soient pleinement intégrés dans les politiques mondiales.

Le Cap-Vert, un exemple à suivre

Lors de son allocution, Jorge Pedro Mauricio Dos Santos, ministre de la Mer et des Communautés du Cap-Vert, a plaidé pour des solutions concrètes et des actions alignées sur les meilleures pratiques mondiales. C’est dans ce sens que le responsable a insisté sur la nécessité de mener des politiques africaines conjointes pour se faire entendre à l’occasion des grands évènements. Et de préciser qu’il est temps pour les décideurs d’agir pour préserver les océans. Il a également souligné l’importance liée à la question climatique aux migrations, affirmant que les bouleversements écologiques sont une cause majeure des déplacements de populations, notamment dans les pays insulaires comme le leur.

Selon lui, le Cap-Vert, un archipel atlantique où 99% du territoire est océanique, se positionne au carrefour des routes maritimes reliant l’Afrique, l’Europe, les Amériques et l’Asie. «Face à cette réalité géographique, la gouvernance des océans est un enjeu majeur pour le pays». En effet, l’économie bleue, qui englobe la pêche, le tourisme et les ressources maritimes, devient un pilier stratégique pour son développement durable. Le Cap-Vert s’engage résolument à adopter des politiques publiques qui visent à protéger ses océans tout en favorisant leur exploitation raisonnée.

Les océans, responsables de la production de 70% de l’oxygène mondial, subissent aujourd’hui les pressions de la pollution et des changements climatiques. Le Cap-Vert, bien que peu contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, est particulièrement vulnérable aux impacts climatiques, notamment à la montée du niveau de la mer et à l’acidification des océans. Face à ces défis, les autorités cap-verdiennes ont privilégié une gestion intégrée des ressources océaniques, axée sur la préservation de l’écosystème marin, le développement des énergies renouvelables et la réduction des émissions liées aux activités maritimes, explique-t-il.

Le ministre de la Mer et des Communautés a indiqué que le cadre politique du Cap-Vert repose sur plusieurs piliers. D’abord, l’investissement dans les infrastructures maritimes, notamment avec la construction de nouveaux centres océanographiques pour la recherche en biotechnologie marine. Cette technologie permet d’explorer les ressources marines pour des usages industriels, tels que l’industrie pharmaceutique et la production d’hydrogène vert. Ensuite, la formation du capital humain est essentielle pour moderniser le secteur de la pêche et promouvoir des pratiques durables.

Par ailleurs, le ministre soutient que son pays s’est attaqué à la question de la pollution marine en soutenant la transition vers une économie verte. Parallèlement, le Cap-Vert explore des solutions innovantes, telles que la transformation de la dette externe en fonds climatiques, afin de financer des projets verts et de renforcer sa résilience face aux changements climatiques. Enfin, le pays joue un rôle actif dans les discussions internationales sur la gouvernance des océans, notamment en participant aux conférences des Nations unies, tout en se concentrant sur les liens entre changement climatique et migrations.