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La Mauritanie désignée présidente de l’UA, évitant un affrontement maroco-algérien

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Le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani. © DR

Dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées par les rivalités entre le Maroc et l’Algérie, la Mauritanie a été désignée, dans un consensus rare, pour présider l’Union africaine en 2024. Cette décision, fruit de longues négociations, évite un affrontement direct entre les deux puissances nord-africaines. Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, se retrouve ainsi au centre d’un échiquier complexe, avec des défis régionaux à relever, notamment les crises en Afrique de l’Ouest et les tensions au Sahel. Les experts, tels que le politologue Cherkaoui Roudani, restent sceptiques quant à la capacité de l’UA sous la Mauritanie à apporter des changements remarquables, soulignant la nécessité d’un engagement plus profond en faveur du développement économique pour assurer une paix durable en Afrique.

Selon une déclaration officielle émise par l’ambassade de la pseudo « République arabe sahraouie démocratique-RASD » à Addis-Abeba, où l’Union africaine a son quartier général, un accord a été atteint par les nations d’Afrique du Nord ce vendredi. Après de longues délibérations suite aux nombreux désaccords, notamment exacerbés par les tensions entre le Maroc et l’Algérie, la Mauritanie a été choisie à l’unanimité pour assumer la présidence de l’Union africaine en 2024, conformément au principe de rotation régionale.

La difficulté de trouver un consensus au sein de la région, particulièrement en raison des frictions entre ses membres les plus influents, avait conduit à une impasse sans précédent : la vice-présidence destinée à l’Afrique du Nord était restée inoccupée pendant un an, une situation inédite dans les annales de l’organisation.

Malgré ses réticences initiales, liées surtout aux élections présidentielles prévues dans le pays en juin 2024, la Mauritanie a finalement accepté de prendre les rênes de l’union, émergeant comme le candidat de compromis face à une situation de blocage diplomatique.

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La Mauritanie «candidat de compromis»

La désignation de la Mauritanie pour assumer la présidence de l’UA représente une étape importante dans la diplomatie africaine, en évitant un affrontement potentiel entre le Maroc et l’Algérie. Ces deux nations, souvent en désaccord sur des questions régionales sensibles telles que le Sahara, ont vu leurs ambitions de leadership au sein de l’UA tempérées par le choix stratégique de la Mauritanie. Ce choix est le résultat d’intenses négociations et d’efforts diplomatiques, notamment de la part de l’Algérie qui a cherché à promouvoir la candidature d’Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat présidentiel. Les démarches algériennes, incluant la distribution de messages de Tebboune aux leaders de la Tunisie, de la Libye et de la Mauritanie, ainsi qu’une rencontre à Alger avec un représentant du Polisario, n’ont toutefois pas abouti au soutien escompté.

Le Maroc, en apportant son soutien à la Mauritanie, a joué un rôle déterminant dans la formation d’un consensus autour de cette dernière, qui est apparue comme un candidat de compromis capable de maintenir l’unité au sein du groupe nord-africain. Cette unité était d’autant plus importante que les divergences sur le Sahara avaient déjà fragilisé les relations au sein du bloc.

La Mauritanie en course pour la présidence de l’UA

Le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, avait préparé le terrain en effectuant une tournée diplomatique en Algérie, en Tunisie et au Maroc en janvier, soulignant l’importance de la candidature de Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani pour la présidence tournante de l’UA. Cette démarche proactive a sans doute contribué à solidifier la position de la Mauritanie en tant que candidate idéale.

La candidature de la Mauritanie a également empêché Abdelmadjid Tebboune d’accéder au mécanisme de la troïka africaine sur le Sahara, qui aurait pu lui conférer une influence considérable sur cette question pendant trois ans. Par ailleurs, l’échec de la Tunisie à se positionner en raison des déclarations polémiques de son président contre les migrants subsahariens, les complications internes de la Libye, et les tensions diplomatiques entourant la pseudo RASD ont rendu la Mauritanie le seul candidat viable, empêchant ainsi un basculement de la présidence vers l’Afrique australe, où l’Angola se profilait comme un candidat sérieux.

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Défis et perspectives pour Mohamed Ould Ghazouani

Le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, qui est en lice pour un second mandat lors des élections prévues en juin, prend la tête de l’Union africaine dans un contexte particulièrement tendu. Sa récente victoire écrasante lors des scrutins législatifs, régionaux et municipaux de mai 2023, entachée par des accusations de fraudes massives de la part de l’opposition, soulève déjà une question quant à sa gouvernance. De plus, la situation régionale ajoute à la complexité de sa mission à la présidence de l’UA : l’Afrique de l’Ouest est secouée par des crises multiples, notamment avec les tensions politiques au Niger, au Mali et au Burkina Faso, sans oublier le report des élections présidentielles sénégalaises qui intensifie l’instabilité régionale, la guerre civile au Soudan et les frictions entre l’Éthiopie et la Somalie sur des questions d’accès maritime.

Contacté par LeBrief, le politologue Cherkaoui Roudani explique que l’accession de la Mauritanie à la présidence ne devrait pas être perçue comme une solution miracle aux tensions persistantes au Maghreb. La Mauritanie, ayant toujours adopté une démarche neutre sans se prononcer clairement en faveur de l’Algérie ou du Maroc, semble privilégier une stratégie prudente pour maintenir ses intérêts dans le contexte de la rivalité entre ces deux voisins. L’expert prévoit donc que cette présidence n’entraînera pas de changements majeurs dans la dynamique régionale. De plus, il souligne les limites structurelles de l’Union africaine, dont les institutions n’accordent pas à la présidence le pouvoir suffisant pour résoudre de manière décisive les problématiques politiques, ce qui a souvent conduit à une certaine timidité et à un manque de clairvoyance de l’organisation face aux défis du continent.

La quête de la paix en Afrique

Cherkaoui Roudani précise que les multiples crises qui secouent le continent africain sont assimilables à un enchevêtrement complexe de conflits, chacun nécessitant une approche spécifique pour sa résolution. Cette complexité est exacerbée par la diversité des facteurs, tant internes qu’externes, qui influencent ces crises, notamment dans des régions comme le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. La tâche de réconciliation entre les parties en conflit est rendue d’autant plus ardue par l’implication d’acteurs internationaux, qui, souvent, instrumentalisent ces conflits à des fins géopolitiques.

Dans ce contexte, la quête de la paix et de la sécurité en Afrique dépasse largement le cadre des simples déclarations diplomatiques. Elle exige un engagement tangible vers le développement économique, visant à positionner l’Afrique non pas comme un simple spectateur, mais comme un acteur essentiel sur l’échiquier politique mondial. Cependant, l’Union africaine se heurte à un obstacle majeur : l’absence des ressources nécessaires pour s’attaquer efficacement à ces crises. De plus, le manque d’une vision stratégique à long terme entrave son potentiel d’action, limitant son rôle à des interventions tactiques sans réelle incidence sur l’avenir du continent.

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