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La fièvre et le thermomètre

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Zainab Ahmed au meeting annuel du FMI à Washington le 13 octobre 2022 © REUTERS/James Lawler Duggan

La ministre nigériane des Finances, Zainab Ahmed, s’est fait remarquer jeudi dernier en contestant avec véhémence la dégradation de la note souveraine de son pays par Moody’s. Le rating est passé de B3 à Caa1, soit deux marches avant l’enfer, le défaut de paiement.

Pas de chance pour la ministre, l’agence concurrente, S&P Global Ratings, n’a pas certes abaissé le rating de son pays dans sa note du 4 février, mais arrive au même constat sur la capacité d’Abuja à honorer à moyen terme, ses engagements envers ses créanciers. Elle a fait passer les perspectives de « stables à négatives ». Ce qui signifie « danger imminent » sur la solvabilité, n’en déplaise à l’argentier nigérian qui dit à qui veut l’entendre qu’il n’était pas d’accord avec la dégradation « surprise » de la note souveraine de son pays.

Pour la ministre, c’est clair : c’est le thermomètre (ndlr : Moody’s) qui serait responsable de la fièvre dont souffre le Nigeria car «cette agence n’aurait pas la pleine compréhension de ce qui se passe dans notre environnement domestique». Mais avant qu’elle n’émette ce warning le 27 janvier dernier, la même agence avait, comme par hasard, «toute la maîtrise de la situation du pays».

L’explication complotiste de la ministre nigériane est parfois reprise par certains responsables africains. Heureusement qu’il n’est pas possible de cacher le soleil, au Nigéria comme partout ailleurs. Cette ministre aurait dû avoir la décence de demander la vraie notation à ses concitoyens, eux qui souffrent au quotidien des affres de sa gestion budgétaire et de la flambée des prix des produits et services essentiels. Nul doute qu’elle aurait été encore plus sévère que celle de Moody’s.

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