La faute éthiopienne
La réaction ou plutôt, la non-réaction de l’Union africaine (UA) et des capitales africaines à la décision de l’Éthiopie de conclure un accord d’accès à la mer avec le Somaliland est pour le moins consternante. Zéro réaction non plus du côté de la Ligue Arabe, dont il faut rappeler que la Somalie est membre effectif.
En jouant au pyromane dans la sous-région, Addis-Abeba, qui abrite le QG de l’ex-OUA, vient, par cette reconnaissance de facto de l’indépendance de cette région séparatiste de la Somalie, de déchirer la Charte de l’Union africaine et jeter à la mer ses principes fondateurs. Son initiative, pour ne pas dire, sa provocation, ne peut qu’exacerber les tensions dans une région tendue depuis le début des années quatre-vingt-dix après la chute de l’ex-raïs somalien Siyaad Barre et la sécession de l’Érythrée, ancienne province éthiopienne. Le pouvoir éthiopien ne le sait que trop bien, l’Éthiopie ayant été elle-même victime des forces du séparatisme en perdant l’Érythrée.
Comme souvent, l’Union africaine et la ribambelle d’organisations sous-régionales qui ne servent à rien, se distinguent par leur passivité. L’UA s’est contentée d’appeler au calme dans un communiqué qui ressemble à un texte de Chat GPT. Plutôt que de prévenir, ces organisations attendent qu’une guerre éclate entre la Somalie et l’Éthiopie pour se réveiller.
Aucune raison, aussi impérieuse soit-elle, ne peut justifier le parrainage des indépendantistes, même pas la vieille soif de revanche des élites éthiopiennes envers la Somalie entretenue par le souvenir douloureux de la guerre de l’Ogaden. «Ne faites pas à autrui ce que ne voulez que l’on vous fasse». Addis-Abeba devrait méditer cette maxime.