La démocratie quand même
La pression s’accroît sur les putschistes au Niger. Une fois n’est pas coutume, c’est l’Union Africaine qui s’est montrée très ferme en fixant à la junte nigérienne un ultimatum de 15 jours pour rétablir l’ordre constitutionnel. Les dirigeants de la Cédéao, réunis dimanche 30 juillet en «sommet spécial» à Abuja au Nigeria, étaient condamnés à en faire au moins autant. Ils ont fait encore plus fort en donnant une semaine aux militaires nigériens pour rentrer dans les casernes. L’Organisation ne peut laisser s’installer la culture de putschs dans la sous-région. Le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger ont en commun le fait d’être des familiers de coups d’État. En soixante ans d’indépendance, ces pays en ont connu au moins une vingtaine.
Signe de sa détermination, la Cédéao a prévenu la junte de Niamey que toutes les options étaient sur la table, y compris une intervention militaire pour «rétablir l’ordre constitutionnel». La participation du Tchad au sommet d’Abuja, voisin du Niger et non-membre de la Cédéao, mais qui possède une armée à la combativité reconnue sur le continent, est un message envoyé aux putschistes nigériens. Reste qu’une telle opération n’est pas sans risque.
La succession des coups de force dans la sous-région clôt (définitivement ?) la parenthèse du processus de démocratisation lancé au début des années quatre-vingt-dix. Ironie de l’histoire, les régimes militaires chassés du pouvoir il y a 30 ans retrouvent grâce aux yeux d’une partie de la population. Ceux qui applaudissent aujourd’hui la junte dans les rues de Niamey devraient se souvenir que la démocratie est le moins mauvais des systèmes politiques. Les promesses des militaires et des prétendus révolutionnaires en Afrique, on sait ce que c’est. Gare à la gueule de bois au réveil.