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La création de la Confédération de l’AES au cœur du sommet de la Cedeao

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Dans un contexte de divergences croissantes entre la Cedeao et les membres de l’Alliance des États du Sahel, marqué par des sanctions économiques et des menaces de sécession, la nomination du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye comme médiateur revêt une importance stratégique. Chargé de faciliter le dialogue entre les parties, il doit naviguer entre les aspirations d’indépendance politique et économique des États sahéliens et les efforts de la Cedeao pour maintenir l’unité régionale. Cette mission, cruciale pour apaiser les tensions et préserver la stabilité, pourrait redéfinir les dynamiques politiques et sécuritaires en Afrique de l’Ouest dans les mois à venir.

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Entre 2022 et 2023, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait lancé une série de sanctions contre le Mali, Le Burkina Faso, la Guinée et le Niger pour dissuader les militaires au pouvoir de se maintenir après les coups d’État perpétrés dans ces pays. Ainsi, la Cedeao avait gelé les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et coupé les aides financières. Elle avait exigé la fermeture des frontières entre le Mali et les États membres de l’organisation sous-régionale.

En plus de la suspension des transactions avec le Mali, l’institution avait aussi gelé des actifs et des avoirs de la république du Mali dans toutes les banques centrales des pays membres de la Cedeao et des avoirs du gouvernement et des entreprises de l’État malien dans toutes les banques commerciales de la Cedeao. Exception faite : les produits médicaux et de première nécessité, les produits pétroliers et l’électricité ont été épargnés, sans doute dans le but de ne pas pénaliser les populations.

Les sanctions étaient les mêmes dans les quatre pays. Toutefois, la goutte qui a fait déborder le vase, a été la menace proférée par la Cedeao contre le Niger au mois d’août 2023 après le renversement du président élu Mohamed Bazoum. L’organisation, par la voix de son président Bola Ahmed Tinubu, avait alors indiqué que la Cedeao n’exclut pas une intervention militaire pour ramener la démocratie au Niger.

Prenant cette menace très au sérieux, les régimes militaires se sont alliés à l’exception la Guinée. Ces derniers accusent l’organisation d’être inféodée à Paris.

Le 16 septembre 2023, c’est au cœur de la région sahélienne, qu’une nouvelle dynamique stratégique s’est dessinée avec la création récente de l’Alliance des États du Sahel (AES). Le bloc regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger autour de la Charte du Liptako-Gourma. Celle-ci qui jette ainsi les bases de cette alliance qui promet de redéfinir la lutte contre le terrorisme et de remodeler les équilibres régionaux. Cet acte audacieux a ravivé les débats sur l’avenir du G5 Sahel, mais il ne s’arrête pas là.

L’AES déploie une vision ambitieuse allant au-delà de la sécurité. Les trois pays signataires ont exprimé leur volonté de promouvoir « l’indépendance, la dignité et l’émancipation économique ». Cette position soulève des questions sur la création éventuelle de nouvelles institutions, notamment monétaires, susceptibles d’influencer les réformes au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe huit pays partageant la monnaie commune FCFA.

Lors du premier sommet historique à Niamey le 6 juillet, l’Alliance des États du Sahel a pris la décision de rompre définitivement avec la Cedeao. Les pays annoncent alors la création d’une confédération. Initialement lancée en septembre dernier sous le nom d’Alliance des États du Sahel (AES) avec une orientation militaire, cette organisation prend désormais une dimension politique et économique sous l’impulsion des trois présidents réunis pour la première fois dans la capitale nigérienne.

La Cedeao tente une énième médiation

Ce sommet intervenu, à 24 heures de celui de la Cedeao a surpris plus d’un. Cependant l’instance sous-région a mandaté le président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye pour mener des négociations

Même si les détails spécifiques de la mission de ce dernier n’ont pas encore été dévoilés, le chef d’État sénégalais est chargé de mener des discussions avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces trois pays ont annoncé le 6 juillet la création d’une confédération, une initiative que le président sénégalais préférerait voir maintenue au sein de la Cedeao

À son retour à Dakar, Bassirou Diomaye Faye a souligné l’importance de la diplomatie sénégalaise dans la sous-région, affirmant : «Le Sénégal est un grand pays, non pas par sa superficie, mais par les hommes qui ont incarné ses institutions, notamment ceux qui ont façonné notre respectabilité, que nous devons préserver.» Cette respectabilité, il souhaite la renforcer, ayant visité le Burkina Faso et le Mali le 30 mai après son élection en mars.

S’exprimant sur la nécessité d’intervenir avant le retrait prévu des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Cedeao, fixé au 28 janvier 2025 par le traité de l’organisation, il a souligné l’importance de la médiation pour parvenir à une solution bénéfique pour toutes les parties.

«Cela a été confirmé aujourd’hui [7 juillet] par la résolution de la Cedeao qui vise à apaiser les tensions entre l’organisation et ces pays membres, dont le départ n’est pas encore officiel», a-t-il déclaré. «En attendant, nous ne pouvons pas rester inactifs. Notre responsabilité est de rapprocher les positions, de favoriser le dialogue et de réconcilier les parties, en renforçant l’organisation pour mieux relever nos défis communs», a-t-il ajouté.

Lors de son discours à Abuja le 7 juillet, Bassirou Diomaye Faye avait exprimé ses inquiétudes quant aux implications d’un tel retrait pour le panafricanisme, appelant la Cedeao à s’adapter aux réalités actuelles pour maintenir son efficacité et sa pertinence régionales.