L’« ami » chinois
Le récent sommet Chine-Afrique a été l’occasion aux dirigeants chinois de présenter à leurs hôtes un tableau de ce qu’ils qualifient de « coopération gagnant-gagnant ». La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial, le premier investisseur sur le continent et le premier créancier des pays africains. Les échanges sino-africains se sont élevés à un peu plus de 250 milliards de dollars en 2022. Pékin a également projeté 3.000 de ses entreprises en Afrique. La Chine y importe principalement des matières premières telles que le pétrole et les minerais, et exporte des produits manufacturés.
Entre 2000 et 2022, la Chine aura prêté, au total, 134 milliards de dollars aux pays africains. Des emprunts greffés de clauses opaques et de conditionnalités scandaleuses que des régimes corrompus dissimulent à leurs populations. Ainsi, la plupart des contrats de prêts prévoient, en effet, que Pékin reprenne la propriété des infrastructures qu’elle a financées en cas d’insolvabilité de l’emprunteur. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent la faible percée de la Chine au Maghreb. Étonnement, aucun des soi-disant défenseurs de la souveraineté africaine n’y trouvent rien à redire. Et il y a fort à parier qu’aucun des dirigeants qui ont pris part au Forum Chine-Afrique la semaine dernière à Pékin n’a évoqué cette incongruité avec les « amis » chinois. Tout comme les ravages de la pêche illégale par des navires chinois dans les eaux territoriales des États d’Afrique de l’Ouest.
Ces navires ne respectent pas les quotas de capture et recourent largement aux méthodes interdites. Le tout, sous la passivité des gouvernements qui ne veulent pas fâcher Pékin. Résultat, la ressource se raréfie, ce qui pousse des milliers de jeunes qui vivaient de la pêche sur les routes de l’émigration illégale, voire à la mort en tentant de traverser la mer dans les embarcations de fortune.