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Kenya : la loi de Finances controversée du président Ruto

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Le président kényan, William Ruto, a promulgué une loi de finances qui instaure de nombreuses nouvelles taxes, a annoncé lundi la présidence. Une loi critiquée depuis de longues semaines par l’opposition et la population de ce pays touché par une forte inflation.

«Le président Ruto a approuvé la loi de finances», a annoncé la présidence kényane dans un message transmis aux médias, accompagné de photos du chef de l’État apposant sa signature.

Le texte, voté la semaine dernière par le parlement, ambitionne d’aider à renflouer les caisses de l’État lourdement endetté par les grands projets d’infrastructures du régime de l’ancien président Uhuru Kenyatta, dont il fut le vice-président. Le texte avait recueilli 184 voix pour et 88 voix contre. Il prévoit notamment l’introduction d’une taxe sur le logement de 1,5% qui sera prélevée directement sur les salaires.

Lire aussi : Kenya, record des transferts de la diaspora

La nouvelle loi de finances prévoit notamment l’introduction d’une impopulaire taxe sur le logement de 1,5%, initialement prévu à 3%, qui sera prélevée directement sur les salaires afin de financer un programme de logement à bas prix.
La loi prévoit également une hausse de 100% de la TVA sur les carburants, qui passera de 8 à 16%. De même, une taxe sera imposée aux créateurs de contenu numérique à hauteur de 5% alors qu’elle était initialement proposée à 15%. En mai, le président Ruto avait défendu sa décision d’augmenter la TVA sur les produits pétroliers à 16%, arguant que cette mesure générerait 50 milliards de Ksh, qui aideront à entretenir les routes à travers le pays.

Face au mécontentement, seules concessions faites par le pouvoir central kenyan dans cette nouvelle loi de finances, la «taxe sur les produits de beauté» qui a été abandonnée.

L’opposition projette de nouvelles contestations

Locomotive économique d’Afrique de l’Est d’environ 53 millions d’habitants, le Kenya observe une dette publique de 65 milliards d’euros, soit environ 67% du produit intérieur brut. Et son remboursement devient de plus en plus coûteux avec la dépréciation continue du shilling.

Le pays fait face également à une forte inflation (+8% sur un an en mai) et une sécheresse historique. La croissance a plafonné à 4,8% en 2022, bien loin des 7,6% atteints en 2021.

Lire aussi : Kenya, l’opposition suspend les manifestations

L’opposition, emmenée par le vétéran Raila Odinga, a accusé le président kényan de renier ses promesses de campagne alors qu’il s’était présenté comme le défenseur des déshérités en s’engageant à améliorer leurs conditions de vie. «Notre position reste que le projet de loi est une erreur et une expérimentation que les Kényans peuvent difficilement se permettre», a déclaré lundi à l’AFP Dennis Onyango, porte-parole de Raila Odinga.

La coalition «Azimio» qu’il préside s’apprête à annoncer ce mardi 27 juin, d’éventuelles actions contestataires à organier à travers le pays. Entre mars et mai 2023, des manifestations antigouvernementales de la coalition avaient provoqué la mort d’au moins 3 personnes, selon des décomptes officiels.

Le Fonds monétaire international a salué fin mai l’action du gouvernement Ruto qui a répondu « rapidement » aux défis économiques et engagé des dépenses «prudentes» en 2022, dans un communiqué annonçant un accord pour un prêt d’un milliard de dollars (927 milliards d’euros) au Kenya.

Si les perspectives à moyen terme sont favorables pour l’économie kényane, «des défis importants subsistent dans le contexte d’une croissance économique mondiale lente et de conditions financières difficiles», a estimé l’institution.

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