Kenya : la dette publique franchit un seuil historique
La dette publique du Kenya a récemment atteint un montant historique de 10.100 milliards de shillings (64,1 milliards d’euros), dépassant ainsi le plafond prévu par la législation en vigueur. Cette situation alarmante met en péril davantage la situation économique déjà précaire du pays.
Une hausse record malgré les promesses présidentielles
Malgré les promesses du président William Ruto de maîtriser les emprunts, la dette a connu une augmentation spectaculaire de 1.560 milliards de shillings (9,9 milliards d’euros) au cours de l’exercice fiscal s’étant terminé en juin. Cette dette représente actuellement 62,43% du PIB, dépassant ainsi le plafond d’endettement fixé à 10.000 milliards de shillings. Pourtant, l’assemblée nationale a approuvé un amendement en juin visant à lier ce plafond au PIB plutôt qu’à un montant fixe.
Les perspectives économiques s’assombrissent
Ces chiffres inquiétants assombrissent plus les perspectives économiques du Kenya, considéré comme le moteur économique de l’Afrique de l’Est avec ses 53 millions d’habitants. Le pays a vu sa croissance ralentir à 4,8% en 2022, contre 7,6% l’année précédente, et fait face à une inflation persistante, ayant toutefois reculé à 7,3% sur une année en juillet.
Défis liés au remboursement et à la dépréciation du shilling
Le coût du remboursement de cette dette devient de plus en plus élevé, notamment en raison de la dépréciation du shilling, la monnaie locale. Le taux de change a atteint un record de 143,44 shillings pour 1 dollar en août.
L’avertissement de Fitch et les réactions présidentielles
Le 20 juillet, l’agence de notation Fitch a abaissé les perspectives de remboursement de la dette du Kenya, passant de «stables» à «négatives». Elle a évoqué les risques liés à «des hausses d’impôts annoncées dans un contexte de troubles sociaux». Élu en août 2022, le président William Ruto avait promis de relancer l’économie en réduisant la dette publique et en améliorant le pouvoir d’achat des plus pauvres. Cependant, certaines de ses politiques, comme la suppression de subventions sur les carburants et les produits alimentaires, ont entraîné une hausse des prix.
Les enjeux actuels et futurs
Face à une contestation grandissante, exprimée par des manifestations parfois violentes de l’opposition, le président Ruto doit faire face à un mécontentement populaire croissant. La récente réintroduction partielle des subventions au carburant reflète ces défis. Le groupe de réflexion Oxford Economics Africa souligne que l’avenir du Kenya sera mis à l’épreuve par les perspectives d’augmentation des prix internationaux du pétrole et par une possible nouvelle dépréciation du shilling. Cela contraste avec les aspirations du FMI et les efforts du gouvernement pour maîtriser les prix du carburant.