Irresponsable
La petite musique à propos de la dette des Etats africains revient à la mode dans le discours, pour le moins irresponsable, de quelques dirigeants sur le continent. Ces derniers réclament à cor et à cri, l’annulation d’une partie de la dette au motif que les conditions auxquelles les emprunts avaient été souscrits étaient « injustes », selon leur propre expression. Certains vont jusqu’à accuser les agences de notation financière de surestimer le risque des pays africains, et donc, de renchérir le service de leur dette, ce qui les empêcherait d’investir dans les infrastructures. On se croirait entendre les paroles d’un humoriste ivoirien. Aux yeux de ces dirigeants, ce serait de la faute du thermomètre si le patient fait de la fièvre. Ce réflexe qui consiste à chercher les causes de ses difficultés ailleurs, est tout simplement irresponsable.
Dans ce honteux concert de démagogie, aucun de ceux qui réclament aujourd’hui de passer l’éponge sur une partie de la dette des Etats africains qui se retrouvent aux portes de l’enfer (défaut de paiement), ne se pose la bonne question : À quoi ont servi les milliards de dollars levés auprès des créanciers ? À garnir sans doute des comptes bancaires à Dubaï et depuis peu, à Macao et Hong-Kong, des planques sûres où l’« ami » chinois se moque de la provenance légitime de l’argent déposé dans ses banques.
A fin 2023, la BAD évaluait la dette extérieure du continent à 1.152 milliards de dollars. Avec des taux d’intérêt très hauts et l’arrivée à maturité de nombreux coupons des obligations émises par les pays africains, l’heure du crash-test a sonné. L’Afrique paiera 163 milliards de dollars au titre du service de la dette en 2024.