Il faut sauver le soldat Eto’o
La guerre fait rage entre le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et le ministre des Sports. Dans une opération qu’on peut qualifier de putsch, le ministre a nommé le nouvel encadrement technique des Lions indomptables, une attribution qui relève légalement de la fédération. Pour se justifier, Narcisse Mouelle Kombi dit «appliquer les hautes directives du chef de l’État». Il faut le croire, car partout en Afrique, la sélection nationale de football est une affaire très politique. Bien souvent, il arrive que le chef de l’État se substitue au coach en composant le Onze de départ à l’occasion d’un match. C’est bien souvent à la Présidence de la République que se négocient les primes des internationaux.
Non content de son putsch, le ministre des Sports cherche à humilier Samuel Eto’o, qui est toujours président de la Fédération de football. Il a remis en selle tous ceux qui étaient soit bannis par Eto’o, soit avaient un compte à régler avec lui. Le message est clair. Le propos de votre serviteur ici n’est pas de « sauver » le soldat Eto’o, qui a été sans doute meilleur sur le terrain que dans un bureau, mais de défendre le principe de séparation des pouvoirs. Au Cameroun comme ailleurs, le gouvernement ne peut pas se mêler de la gestion de la fédération. Il ne peut pas non plus démettre son président. C’est le principe de parallélisme de forme. Ayant été élu par une assemblée générale des clubs, Samuel Eto’o ne peut être démis que par une motion de censure.
La Fifa devrait réagir sans tarder à cette guerre civile dans le foot camerounais. Elle va rapidement faire respecter l’inamovible principe de non-ingérence des autorités dans la gestion des fédérations. Le Cameroun risque, en effet, une suspension de toutes les compétitions organisées par la Fifa. Il va falloir que le ministre assume cette sanction.