« Habiller le ciel » : un hommage à la femme et à l’héritage africain

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L’écrivain franco-camerounais, Eugène Ébodé, a présenté ce jeudi, à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguerir, son livre « Habiller le ciel ».

Auteur d’une douzaine de romans inspirés de son imagination ou de ses expériences de vie, cet écrivain dédie sa plume à la culture africaine. Un engagement très fort qui lui a valu une nomination en tant qu’administrateur culturel de la Chaire des littératures et des arts africains de l’académie du Royaume du Maroc.

Dans « Habiller le ciel », Eugène Ébodé partage avec le lecteur une expérience personnelle douloureuse : la disparition de sa mère Vilaria.

Dans une brève interview accordée à LeBrief, le romancier raconte et dépeint la beauté et la cruauté de tous les aspects de la vie d’une mère, d’une femme, d’une population et d’une société africaines.

«Ce livre est d’abord un hommage à ma mère qui a été rappelée à Dieu il y a deux ans, le 4 septembre 2020. Vu que je n’étais pas présent à son enterrement, j’ai connu une année de flottement après sa disparition. Quand vous ratez ce genre d’événement, on vous prend pour un ingrat, un fils indigne. Certains attendaient que l’écrivain envoie au moins un mot d’adieu. (…) Mais j’ai expliqué que ce n’était pas l’occasion, ni le lieu, ni le moment pour un exercice de style. Il fallait laisser place aux hommages spontanés de tous ceux et de toutes celles qui voulaient témoigner, c’est tout.

Ce roman est une sorte de sépulture de papier que je lui accorde. Il retrace quelques aspects de la vie d’une femme, d’une éducatrice, mais aussi d’une Africaine qui n’a pas été à l’école occidentale, mais qui a été à l’école de la tradition et de la danse qu’elle a dû quitter pour fonder une famille. (…) Dans ce livre, je rends aussi hommage à l’artiste en ma mère ainsi qu’à tous ceux qui sont capables d’imagination, de transmission de l’héritage africain et de positionnement de l’Afrique dans le monde des arts et des réflexions.

(…) Il s’agit aussi d’une petite carte géopolitique de l’Afrique. J’évoque un voyage que j’ai fait au Tchad, un pays dans lequel j’ai vécu une transition douloureuse, puisqu’il a été le théâtre de plusieurs coups d’État. Et à partir de cette expérience, j’analyse la manière dont certaines populations africaines pourraient servir de cordon sécuritaire en Afrique. Le Tchad est un pays particulier où on aime faire la guerre. À travers ce roman, je présente la réflexion qu’au fond l’Organisation de l’unité africaine devrait prendre les Tchadiens comme exemple (…) de ceux qui n’existent pas seulement pour faire la guerre, mais qui pourraient aussi contribuer à la constitution de l’ossature d’une armée africaine unie.

Pour finir, (…) ce roman est également une initiation au métier d’écrivain. Je montre dans cet ouvrage commet j’ai essayé de composer des textes, d’être dramaturge et d’être poète, tout en traversant des échecs, en essuyant des quolibets et en tentant de réinventer ma personne. (…) C’est un guide pour les jeunes écrivains qui se posent des questions auxquelles j’ai été confrontée quand j’avais 20 ans. (…) J’explique que ce n’était pas une aventure simple ni évidente, mais que j’avais un objectif. Un objectif soutenu par ma mère, celui d’aller à l’école, de s’instruire, d’acquérir des connaissances pour me transformer, m’améliorer et pour devenir un homme utile (…)».