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Guinée : Ahmed Sékou Touré, héros ou tyran ?

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Ahmed Sékou Touré, premier président de la Guinée indépendante, entre 1958 et 1984 © DR

La Guinée est aujourd’hui le théâtre d’une controverse historique. Depuis la prise de pouvoir du colonel Mamadi Doumbouya en septembre 2021, la réhabilitation d’Ahmed Sékou Touré, premier président du pays entre 1958 et 1984, est au cœur des débats. Si certains voient en lui le père de l’indépendance guinéenne, d’autres rappellent les sombres chapitres de son règne. Un règne qui s’est caractérisé par la répression politique et les violations des droits humains.

Ajoutant de l’huile au feu, cette réhabilitation s’est accompagnée par le changement du nom de l’aéroport international de Conakry. Ce dernier porte désormais le nom «Aéroport international Ahmed Sékou Touré». Une première dans le pays où aucun monument n’avait, jusqu’à présent, porté son nom. Exception faite du palais présidentiel, dont la construction avait été initiée sous son règne.

Divisions au sein de la société guinéenne

La réhabilitation d’Ahmed Sékou Touré suscite clairement des réactions contrastées au sein de la société guinéenne. Beaucoup voient en lui un symbole de dignité et d’indépendance. Tandis que d’autres n’ont pas oublié les milliers de victimes sacrifiées pendant son mandat. Selon les organisations de défense des droits humains, le nombre de morts et de disparu s’élèverait à 50.000 personnes.

Preuve de ce souvenir amer, le premier ministre guinéen, Mohamed Béavogui, a publiquement exprimé son mécontentement. Ce dernier est, notons-le, le neveu de l’une des victimes emblématiques de Sékou Touré. Cependant, de nombreux Guinéens soutiennent cette démarche. Ils soulignent ainsi le besoin de modèles et de figures historiques positives dans leur pays.

Tensions entre mémoire collective et réalité historique

Par ailleurs, le débat sur la réhabilitation de Sékou Touré met en lumière les tensions entre mémoire collective et réalité historique. Une catégorie insiste sur les aspects positifs de son héritage. Toutefois, celle-ci se retrouve face à un groupe, non des moindres, qui refuse d’oublier les crimes commis sous son régime.

Enfin, la réhabilitation de Sékou Touré menace aujourd’hui de réduire au silence ses victimes. Des familles déchirées qui sont moins nombreuses pour témoigner des atrocités commises par le gouvernement Sékou Touré . L’image lissée du chantre du panafricanisme et du défenseur des libertés pourrait l’emporter au détriment de la vérité historique. Et cela risque de mettre en péril la mémoire des victimes de la répression politique en Guinée.

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