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Guerre en Ukraine : le conflit pourrait accélérer les fractures ou renforcer la cohésion africaine

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L’accélération de l’inflation dans les économies africaines n’est qu’une des facettes de la guerre en Ukraine. Le conflit semble avoir fortement déstabilisé l’ordre international. Dans ce cadre, la voix d’une Afrique fragmentée, comme l’a démontré le vote pour la résolution de l’ONU condamnant l’invasion de l’Ukraine, ne pèsera pas bien lourd. Il existe encore un grand écart entre les avancées normatives et institutionnelles notables réalisées par l’organisation africaine et le bilan concret en matière de politiques et de décisions extérieures stratégiques, constate le professeur Jamal Machrouh. Combler un tel déficit pourrait transformer la crise ukrainienne en une opportunité de renforcement de la posture stratégique de l’Afrique pour mieux s’adapter aux transformations structurelles de l’ordre mondial, estime-t-il.

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L’inflation est désormais plus que palpable dans les économies africaines. Elle s’est accélérée à 5,3% en mars sur un an au Maroc. Dans la zone UEMOA elle a été de 6,6% en moyenne en glissement annuel contre 6,1% le mois précédent. La hausse des prix à la consommation est partout tirée par la composante « Alimentation » en lien avec le renchérissement des prix des céréales. Le Maroc comme les pays de l’UEMOA sont confrontés aux mêmes difficultés en raison de la baisse de la production céréalière et de l’envolée des cours internationaux des denrées alimentaires. En revanche, les filets de soutiens varient selon les pays. Le renchérissement du blé s’est notamment traduit par la révision à la hausse des prix du pain (+5,4% contre +3,9% le mois précédent), notamment au Mali et au Sénégal. La hausse exponentielle du coût de fret a également contribué à l’accentuation des tensions sur les prix.

Lire aussi : La croissance et le marché du travail sous la pression d’une inflation trop forte

L’inflation importée risque de causer beaucoup de dégâts sur le continent avec une augmentation du nombre de pauvres. Cela renforcerait le risque d’instabilité sociale. Mais, la flambée des prix à la consommation n’est qu’une des facettes de la guerre en Ukraine. Le conflit semble avoir fortement déstabilisé l’ordre international. «Les crises internationales de type de la guerre en Ukraine constituent des moments de rupture historique qui induisent des changements profonds de paradigmes, mais aussi de systèmes d’alliances et de capacités d’influence des acteurs. Elles produisent, à terme, une nouvelle configuration des rapports de force entre les puissances», relève Jamal Machrouh, professeur de relations internationales à l’École Nationale de Commerce et de Gestion, Université Ibn Toufaïl, Kénitra et Senior Fellow au Policy Center for the New South.

Lire aussi : Inflation : comment les gouvernements tentent-ils de contenir la poussée ?

 

Un continent fragmenté

L’émergence de trois pôles majeurs construits autour des États-Unis, de la Russie et de la Chine n’est pas à exclure. Dans cette perspective, «il est aussi à craindre que les préoccupations africaines de développement économique et de stabilité politique soient reléguées à un second rang, tant les puissances dominantes seraient plus enclines à s’occuper de leurs aires géopolitiques», estime Jamal Machrouch. En outre, elle pourrait devenir un théâtre de confrontation entre des puissances étrangères en quête de solidification de leurs alliances et d’extension de leur influence. Les votes des pays africains pour la résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine et les pressions de la Commission européenne contre les pays qui se sont abstenus, ont voté contre ou n’ont pas pris part au vote, illustrent bien la position délicate des pays africains. Elle apparaît désormais très fragmentée. «Il n’existe guère de coordination entre les pays de l’Union africaine et encore moins une politique extérieure commune. L’écart reste énorme entre les avancées normatives et institutionnelles notables réalisées par l’organisation africaine, d’une part, et le bilan concret en matière de politiques et de décisions extérieures stratégiques, d’autre part», constate le professeur Machrouh. Combler un tel déficit pourrait transformer la crise ukrainienne en une opportunité de renforcement de la posture stratégique de l’Afrique pour mieux s’adapter aux transformations structurelles de l’ordre mondial, estime-t-il.

Lire aussi : Résolution sur la Russie : la non-participation du Maroc au vote de l’ONU décryptée par des politologues

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