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FMI-Tunisie : un plan d’aide toujours d’actualité après le refus du président

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Une semaine après le discours incendiaire du président tunisien Kaïs Saïed, le Fonds monétaire international (FMI) souligne que les négociations se poursuivent avec les autorités tunisiennes. L’institution financière a annoncé, lundi 10 avril, qu’elle poursuivait ses négociations avec les autorités tunisiennes sur un plan d’aide de 1,9 milliard de dollars, malgré la décision du président Kaïs Saïed de rejeter ses «diktats».

«Le gouvernement tunisien a fait les premiers progrès dans la mise en œuvre de son programme de réformes économiques, et une nouvelle date de réunion du conseil d’administration du FMI sera fixée en consultation avec les autorités tunisiennes, une fois que les conditions requises par le plan de financement seront en place», a souligné une porte-parole du Fonds, citée par Bloomberg.

Selon l’agence de presse officielle tunisienne TAP, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abbasi, et le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, participent depuis lundi aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent à Washington et qui se poursuivent jusqu’au 16 avril.

Réunions de printemps BM-FMI, aucune intervention de la délégation tunisienne

Au cours des dernières années, les réunions de printemps, marquées par la participation de ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales de 189 pays, ont été une occasion pour la Tunisie de se rapprocher du cercle des bailleurs et présenter sa vision de réforme dans l’espoir de parvenir à des accords financiers.

Cette année, la Tunisie veillera à dynamiser l’accord financier avec le FMI bloqué depuis plusieurs mois. À la confusion qui règne actuellement sur les scènes intérieure et extérieure à propos de la conclusion par la Tunisie d’un accord financier avec le FMI, s’ajoute le programme de la participation de la délégation tunisienne aux réunions qui reste encore flou. Généralement, les délégations des pays assistent à certaines sessions, outre les réunions parallèles.

Toutefois, le programme officiel des réunions ne prévoit aucune intervention de la délégation tunisienne qui essayera, malgré tout, de relancer les négociations ou de signer l’accord préliminaire suspendu avec le FMI.

La Tunisie, dont la dette publique dépasse 80% du PIB, avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars, mais le décaissement de la première tranche de ce prêt n’a pas encore eu lieu, car peu de progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre des réformes convenues. Réaliser cet objectif ne manquera donc pas de donner un signe positif à la Tunisie qui a besoin de financements pour l’exécution de son budget 2023.

Le ministre de l’Economie et le gouverneur de la BCT auront la possibilité, au cours de ces réunions, de lever toute confusion sur le dossier des migrants africains qui a provoqué, récemment, la polémique sur la scène tunisienne et internationale et a causé la suspension temporaire des discussions sur le Cadre du partenariat pays de la Banque mondiale avec la Tunisie.

En effet, ces dernières semaines, plusieurs responsables occidentaux, dont le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, et le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, avaient mis en garde contre un «effondrement» de la Tunisie, susceptible de «provoquer des flux migratoires vers l’Union européenne et d’entraîner une instabilité dans la région du Moyen-Orient & Afrique du Nord», tout en invitant les autorités tunisiennes à finaliser le programme convenu avec le FMI.

Toutefois, l’absence de la ministre tunisienne des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia, peut envoyer des messages négatifs, vu l’importance de la présence du responsable du portefeuille des Finances qui interagit directement avec les responsables du FMI pour discuter des défis économiques auxquels le pays est confronté et des mesures nécessaires pour les traiter.

Cette absence pourrait même saper la confiance du FMI et des partenaires internationaux concernant l’existence d’un consensus parmi les responsables du gouvernement tunisien.

Saïed rejette les «diktats de l’étranger»

Le 6 avril, le Président de la République, Kaïs Saïed, avait indiqué, dans un discours prononcé à Monastir, à l’occasion de la commémoration du 23e anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba, que la Tunisie dispose de plusieurs ressources pour faire face aux défis économiques et sociaux actuels. «Le pays n’acceptera, en aucun cas, des diktats de l’étranger», a-t-il affirmé, appelant les Tunisiens à faire preuve de responsabilité et à préserver la paix sociale.

Le président tunisien a rejeté les «diktats» du FMI qui conditionne le décaissement d’un plan d’aide à son pays, à des réformes économiques portant notamment sur la levée des subventions aux produits de base, la réduction de la masse salariale dans le secteur public et la privatisation des entreprises publiques.

«En ce qui concerne le FMI, les diktats provenant de l’étranger et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement sont inacceptables […]. Ils [les bailleurs de fonds, Ndlr] nous demandent de les écouter. Je n’écoute que Dieu et la voix du peuple», a-t-il déclaré.

«L’alternative est que nous devons compter sur nous-mêmes. Il faut trouver d’autres idées, car la paix sociale n’est pas un jeu ou quelque chose qui peut être pris à la légère», a ajouté le dirigeant tunisien, rappelant les émeutes meurtrières déclenchées en 1984 dans le pays par l’augmentation du prix du pain.

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