Fausse assurance-vie
La résurgence des putschs en Afrique a eu un effet collatéral inattendu auprès de plusieurs chefs d’État. Plus que le coup d’État contre Mohamed Bazoum au Niger, c’est surtout le coup de force contre Ali Bongo qui a tétanisé tous nos «vétérans». Paul Biya du Cameroun, 90 ans dont 42 au pouvoir, Denis Sassou-Nguesso du Congo-Brazzaville, au pouvoir depuis 40 ans, Yoweri Museveni, 37 ans à la tête de l’Ouganda, et Obiang Nguema en Guinée Equatoriale, qui dirige ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale depuis 44 ans, ont tous paniqué en découvrant que c’est le commandant de la garde prétorienne d’Ali Bongo, qui est aussi son cousin, qui l’a chassé du pouvoir. Dès le lendemain, tous ont précipitamment remanié le commandement de leur garde prétorienne.
Tous ces présidents, accrochés au pouvoir, ont en commun de s’appuyer chacun sur sa «Garde spéciale» composée majoritairement d’éléments issus de la même ethnie qu’eux. Paupérisée, l’armée régulière est plus ou moins dévitalisée, et tant pis pour la sécurité extérieure du pays. Par contre, les fameuses «divisions spéciales présidentielles» sont les mieux payées, mieux formées et les mieux équipées de toute l’armée. Pour le pouvoir en place, elles constituent une sorte d’assurance-vie. Pourtant, le putsch au Gabon vient de démontrer que l’appartenance ethnique n’est pas du tout un gage de loyauté. Les dinosaures africains devraient se souvenir que la trahison vient presque toujours de ses proches et de ses propres amis. Dieu, préserve-moi de mes amis, mes ennemis, je m’en occupe.