Exploitation de l’Hydrogène vert en Afrique : un nouveau colonialisme européen
Le rapport de l’Observatoire de l’Europe industrielle (Corporate Europe Observatory / CEO), publié le 23 mars, dénonce les projets européens de production d’hydrogène vert en Afrique et au Moyen-Orient. Ces chantiers reproduisent, selon lui, la colonisation dans une version énergétique, au détriment des communautés locales. Ces projets, soutenus notamment par le gouvernement allemand, nécessitent de vastes étendues de terre pour installer des parcs éoliens et solaires géants, ainsi que des ports et des gazoducs pour transporter l’hydrogène vers l’Europe.
L’accaparement des terres pourrait conduire à des déplacements forcés des communautés locales et à des violations des droits de l’Homme. D’ailleurs, des conflits fonciers ont déjà éclaté en Afrique du Sud et en Arabie Saoudite à ce sujet. De plus, les projets d’hydrogène vert pourraient provoquer des troubles liés à la disponibilité des ressources en eau, d’autant plus que plusieurs usines sont programmées dans des pays durement frappés par le stress hydrique.
Par ailleurs, ces projets risquent d’accentuer la pauvreté énergétique en Afrique. La transition énergétique risque d’être ralentie, puisque l’électricité verte sera exclusivement utilisée pour alimenter les complexes de production d’hydrogène, alors que les combustibles fossiles continueront à couvrir les besoins locaux.
Le rapport souligne également que ces projets pourraient provoquer des pertes financières pour les pays du Sud en cas d’échec. Cela s’est déjà produit au Maroc, où le trésor public couvre les pertes de la société Masen, chargée de développer des projets d’énergie renouvelable.
Le rapport conclut que les projets d’hydrogène vert ne doivent pas être considérés comme la solution miracle pour atteindre la neutralité carbone, mais plutôt comme une partie d’un mix énergétique plus large. Il met aussi l’accent sur la consommation locale plutôt que sur l’exportation vers l’Europe. Le rapport recommande aussi de veiller à ce que les projets respectent les droits des communautés locales et la protection de l’environnement.