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Étrange déni à la BCEAO

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La recommandation émise le 22 janvier par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) aux banques qui opèrent dans l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA : Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali, Togo, Burkina Faso, Bénin, Niger et Guinée-Bissau), est pour le moins étrange.

Que dit l’avis de la BCEAO ?  Qu’à titre temporaire, les établissements de crédit peuvent maintenir dans la catégorie des créances saines, leurs expositions sur les titres publics de l’État du Niger au moment où cet État enchaîne des défauts sur les échéances de sa dette obligataire. En gros, l’Institut d’émission de l’UMOA jette à la poubelle le principe de prudence, et tant pis pour l’image fidèle des bilans des banques.

Cette décision consiste en réalité à cacher le soleil. La BCEAO doit reconnaître qu’elle s’est trompée en faisant du déni un outil de régulation, car sa réputation est engagée. Elle doit aussi accepter qu’elle fait fausse route en croyant ménager la junte militaire au pouvoir à Niamey par sa décision. C’est un peu comme si un médecin disait à un patient, malgré des signes cliniques inquiétants, que tout allait bien.

Par leur activité et leur voilure dans la sous-région de l’UMOA, les trois groupes marocains -Attijariwafa bank, BCP et Bank of Africa- sont en première ligne sur le marché d’émissions des bons du Trésor en Afrique de l’Ouest. Il n’est pas certain que la Banque centrale du Maroc (Bank Al-Maghrib) adhère à la doctrine de son homologue de l’UMOA. Le déni n’existe pas dans sa grammaire.