Accueil / Articles Afrique

En Tunisie, la chasse aux migrants sub-sahariens d’un Président dans l’impasse

Temps de lecture
Manifestation contre les déclarations anti-migrants du Président Kaïs Saïed, vendredi à Tunis. © Yassine Mahjoub / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Lorsqu’il a suspendu les institutions et s’est arrogé les pleins pouvoirs, le 25 juillet 2021, le président tunisien Kaïs Saïed a cité une répartie du général de Gaulle pour répondre à ses détracteurs : «ce n’est pas à mon âge que je vais commencer une carrière de dictateur». Après les événements des derniers jours en Tunisie, on en est un peu moins sûr.

Le chef de l’État tunisien a renoué avec une tradition autoritaire, mais surtout, il a plongé le pays dans un cauchemar raciste, en désignant à la vindicte populaire les immigrés sub-sahariens. Des scènes de chasse à l’homme ont été décrites dans la grande ville de Sfax, d’autres migrants se cachent de peur.

Depuis des mois, les réseaux sociaux résonnent d’attaques contre les migrants, montant en épingle chaque fait divers. La nouveauté, c’est que ces échos marginaux du web sont désormais cautionnés au plus haut niveau de l’État.

Le contexte est évidemment porteur : Kaïs Saïed est dans l’impasse politique : la participation aux dernières législatives a été de moins de 10%. L’étranger est, partout dans le monde, une cible facile pour détourner l’attention.

Et la dérive des derniers jours du président tunisien inquiète. Il a procédé à des arrestations d’opposants pacifiques, de journalistes, et même de syndicalistes, au risque de se mettre à dos la puissante centrale syndicale UGTT jusqu’ici restée très modérée.

La société civile tunisienne, qui a montré sa vivacité au cours des douze années depuis la révolution, est aujourd’hui face à un nouveau défi, incarné par la chasse aux migrants et le tour de vis contre les opposants.

Cet automne, l’auteur franco-tunisien Hatem Nafti publiait un essai intitulé : « Tunisie, vers un populisme autoritaire » suivi d’un point d’interrogation (édition Riveneuve, 2022 – j’en ai écrit la préface). Sans doute est-il temps d’enlever le point d’interrogation… Kaïs Saïed, l’ancien professeur de droit constitutionnel, a renoué avec des méthodes que la Tunisie espérait avoir vaincues à tout jamais.

Recommandé pour vous

Burkina Faso : «À bas la France !»

Afrique, Société - Depuis le coup d’État du 30 septembre, de nombreux manifestants exigent une coopération militaire avec la Russie.

Éducation : les gouvernements d’Afrique de l’Ouest appelés à augmenter le financement

Afrique, Société - Les organisations de la société civile en Afrique de l'Ouest appellent à augmenter le financement de l’éducation publique.

Afrique de l’Ouest : une grève perturbe l’activité aérienne dans la région

Afrique, Société - Les vols à destination et en provenance des aéroports de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ont été perturbés vendredi et samedi derniers.

La Guinée équatoriale a aboli la peine de mort

Afrique, Politique, Société - Décision historique. La Guinée équatoriale a annoncé, ce 19 septembre, l'abolition de la peine capitale.

Changement climatique : un financement de 25 milliards de dollars est prévu pour l’Afrique

Afrique, Société - Des chefs d’État africains et des responsables d’organisations mondiales se sont réunis pour discuter de la lutte contre le changement climatique en Afrique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire