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Emprunts internationaux : le Cameroun vise 761,4 millions de dollars

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Le président camerounais Paul Biya lors d'une conférence de presse conjointe avec le président français au palais présidentiel de Yaoundé, le 26 juillet 2022. © Ludovic Marin, AFP

Le Cameroun est en phase de devenir le septième pays africain à lever des fonds sur le marché international capitaux en 2024, après le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Kenya, et très récemment la Zambie. Le président, Paul Biya, a émis une ordonnance portant modification de la Loi de finances pour l’année 2024. Ainsi, le pays devrait solliciter le marché international des capitaux à hauteur de 467 milliards FCFA (soit environ 761,4 millions de dollars). Selon le document, les ressources seront mobilisées sur les «marchés bancaires extérieurs».

Cette opération est définie comme urgente dans la mesure où elle n’est pas prévue par le budget de l’année 2024, initialement voté à l’Assemblée nationale.

Selon le document présidentiel, les ressources à mobiliser sont destinées à payer des arriérés de dette intérieure. Il s’agit pour l’instant des sommes reconnues comme étant dues par le gouvernement sur la période allant de 2000 à 2019. Elles sont constituées d’arriérés de salaire de fonctionnaires (303 milliards FCFA), de remboursements de taxes non effectués (216 milliards FCFA) et de diverses dettes commerciales (122 milliards FCFA).

Un plan de remboursement s’étalant sur 3 à 7 ans avait été adopté par les autorités, mais le Fonds monétaire international (FMI), avec lequel le Cameroun est sous programme, a dû intervenir pour exercer une pression. Pour le gouvernement, la gestion de cette situation est cruciale, car elle conditionne l’obtention des appuis budgétaires additionnels de 240 milliards FCFA attendus de divers bailleurs de fonds.

Il aurait été plus simple de solliciter le marché local des capitaux. Cependant, dans un contexte où les volumes de liquidité sont faibles dans le secteur bancaire de la CEMAC, fortement sollicité par les États de la sous-région, il aurait été difficile de mobiliser les ressources adéquates (volume et délais de remboursement) pour mener l’opération. D’ailleurs, il est prévu de réduire de 95 milliards FCFA les émissions de bons du Trésor sur le marché sous-régional.

En se tournant vers le marché mondial des capitaux, le Cameroun répondra aux exigences du FMI pour ses créanciers intérieurs, se donnera la marge de 3 à 7 ans souhaitée pour honorer cet engagement, et mobilisera des ressources en devises additionnelles de 707 milliards FCFA (1,15 milliard de dollars) pour renforcer les réserves de change de sa communauté économique.

Quant à la forme de l’opération, le fait de cibler les banques pour mobiliser les ressources souhaitées soit à une opération de syndication ou à une opération privée. De ce point de vue, le Sénégal a mobilisé 500 millions de dollars dans les mêmes conditions au taux d’intérêt de 7,75%. Alors qu’il recherchait au départ 750 millions de dollars.

Les prochaines étapes pour le Cameroun seront de bien choisir judicieusement l’institution financière qui l’aidera dans cette opération. Le Sénégal a travaillé avec JP Morgan, mais des groupes comme Citi pourraient être tout aussi efficaces.

La réaction des investisseurs est à suivre. Jusqu’en février 2024, les agences de notation avaient sanctionné le Cameroun pour plusieurs retards techniques et non constitutifs de défaut de paiement, ramenant sa note à celle attribuée à des pays en risque de défaut de paiement. Moody’s a assorti la sienne de perspectives stables. Même si ce ne sont que des «opinions», il est souvent récurrent que cela impacte le taux d’intérêt demandé par les prêteurs internationaux.

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