Économies subsaharienne : le virus de la dette se propage
La bataille des banques centrales contre l’inflation n’est pas encore terminée. L’augmentation du coût de la vie et le resserrement des politiques monétaires pour la contrer resteront parmi les dossiers économiques majeurs en 2023. Pour le groupe Crédit Agricole, le scénario continue de s’écrire à l’ombre de la guerre russo-ukrainienne, laquelle affecte les pays proches de l’épicentre du conflit mais aussi ceux qui en sont éloignés.
La problématique du coût de la dette privée
En Afrique subsaharienne, la multiplication des chocs a accentué la vulnérabilité de plusieurs pays. Au-delà des risques de troubles sociaux liés à la flambée des prix à la consommation (la hausse du prix des denrées de base, incompressibles dans le panier alimentaire, était de 24% en variation annuelle en octobre), l’un des dangers immédiats pour plusieurs États est le risque de défaut de paiement.
Entre 2010 et 2021, la dette publique de l’Afrique subsaharienne a doublé, passant de 28% à 57%, relève Bank of Africa dans le rapport African Trends. Sur la période, les créanciers privés sont devenus aussi importants que les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux. Parmi ces derniers, la Chine occupe une place prépondérante. Le recours aux financements privés, plus onéreux, au détriment de flux de capitaux multilatéraux à long terme et à faible taux d’intérêt entraîne naturellement une forte augmentation du coût du service de la dette par rapport aux recettes des pays de la région. Entre 2010 et 2020, ce ratio a plus que triplé en Afrique subsaharienne. Des pays comme le Ghana, le Congo, l’Ouganda, Djibouti et le Togo consacrent plus de 15% de leurs recettes au remboursement de la dette.
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Restructuration de la dette selon les pays
Cette vue d’ensemble de la santé des finances publiques en Afriques subsaharienne masque des disparités régionales. Excepté le Ghana qui cristallise l’attention, les signaux semblent moins alarmants en Afrique de l’Ouest. En Afrique centrale, l’orientation des cours des matières premières permettrait à la RDC et au Congo de reconstituer une marge de manœuvre monétaire non négligeable, tout en améliorant la viabilité de leurs dettes, estiment les analystes de BOA. En revanche, la situation est plus inquiétante dans la partie Est du continent, en particulier pour l’Ethiopie.
L’endettement en Afrique subsaharienne devrait s’accélérer rapidement sous l’effet combiné de l’augmentation des dépenses publiques pour atténuer les conséquences socio-économiques des différents chocs externes et d’une contraction des recettes. Cette situation pourrait contraindre plusieurs pays à solliciter un allègement ou une restructuration de leurs dettes.
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