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Économies africaines : le coût social de l’inflation

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Des techniciens sur des lignes électriques en Afrique © DR

L’inflation a eu des conséquences dramatiques sur les revenus des ménages et la pauvreté en 2022 et elle reste une préoccupation majeure cette année encore. La hausse des prix de l’énergie fait plus de mal aux portefeuilles des ménages. Par ailleurs, les délestages intermittents obligent les entreprises à engager des coûts supplémentaires pour se procurer des générateurs diesel de secours et à acheter du carburant, ce qui entraîne des pertes de ventes, de productivité et de compétitivité. Cela impacte directement la croissance économique.

Alors que l’inflation a été de 13,8% en moyenne en 2022 en Afrique (variant entre 7,1% et 25,3% selon les régions), elle reste en tête des préoccupations en 2023. La hausse des prix a fait basculer 15 millions de personnes dans l’extrême pauvreté, soit 1,1 % de la population africaine, selon les estimations de la BAD. L’inflation des prix de l’énergie fait plus de mal aux portefeuilles des ménages que le renchérissement des prix des produits alimentaires. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’inflation a fait chuter le revenu réel moyen des ménages africains de 1,84 % en moyenne, selon la BAD. Les 10 % des ménages les plus pauvres ont perdu environ 0,91 % de leur revenu réel par habitant en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et 1,16 % en raison de la hausse des prix de l’énergie. L’impact de l’énergie est plus important car il affecte directement le revenu des ménages. 

Lire aussi : Le trésor caché des banques centrales africaines

 

La facture astronomique des délestages

La volatilité des prix mondiaux de l’énergie nuit aussi à la productivité et à la compétitivité des entreprises africaines. Environ 80 % des entreprises africaines subissent des coupures de courant, entraînant des coûts supplémentaires pour l’achat de générateurs diesel de secours et de carburant. Plus longs en Afrique que dans d’autres régions, les délestages (coupures d’électricité) obligent les entreprises à réduire leur activité pendant de longues périodes. Ce qui entraîne des pertes de ventes, de productivité et de compétitivité et par ricochet des pertes d’emplois et de recettes fiscales. Alors que la perte moyenne de chiffre d’affaires pour l’Afrique est estimée à environ 7,6 % par an, les entreprises de pays tels que la République centrafricaine perdent jusqu’à 25 % de leur chiffre d’affaires en raison des coupures d’électricité. 

Dans le secteur de la santé, des millions d’africains meurent chaque année en raison du manque d’accès des établissements de soins à une énergie fiable. Au Ghana, le risque de mortalité augmente de 43 % par jour de panne de courant de plus de deux heures. Dans le domaine de l’éducation, environ 80 % des écoles primaires et secondaires n’ont pas accès à l’électricité, ce qui rend difficile l’accès aux manuels et au matériel d’apprentissage à l’aide des technologies de l’information. Environ 1,75 million de centres de santé publics et d’écoles en Afrique ne disposent pas d’une électricité fiable.

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