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Dura lex, sed lex
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La tension actuelle entre les professionnels de la presse sénégalaise et le pouvoir, est symptomatique de la situation de la presse africaine, engluée dans un modèle économique totalement obsolète. Dans la compétition sur le marché de « l’économie de l’attention », la presse « papier » a perdu la guerre face aux médias sociaux et aux géants du web. Mais dans un étrange déni, les professionnels africains, ne veulent pas accepter l’évidence : le vieux modèle fondé sur le financement du journal par la pub a vécu.
Plus grave, très peu d’éditeurs de presse sur le continent s’étaient en effet donné les moyens de bâtir de vraies entreprises. A part quelques exceptions, la presse a souvent fonctionné en mode « artisanat » loin des règles élémentaires de gestion. C’est ainsi que les cotisations de prévoyance sociale, voire le paiement de l’impôt dont la TVA, étaient souvent « ignorées ». Il n’est pas rare de voir des journalistes ou du personnel technique des journaux partir à la retraite sans leur pension. Tant que les gouvernements fermaient les yeux sur cet incivisme « afin de préserver le partenariat avec la presse », cela pouvait marcher.
Résultat, les éditeurs des journaux ont cru à tort que cela leur conférait un privilège. À la moindre relance des impayés d’impôts par les services de l’Etat, ils crient à « la censure et à la menace contre la liberté de la presse ». C’est exactement ce qui arrive actuellement au Sénégal, comme ça l’a été il y a vingt ans pour un magazine hebdomadaire au Maroc. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse au Sénégal est allé jusqu’à accuser le gouvernement d’Ousmane Sonko de menacer la liberté de la presse et de vouloir « domestiquer les médias ». Même si le Premier ministre sénégalais règle au passage quelques comptes, on ne peut pas lui reprocher de faire appliquer la loi. Dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi).