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Après une attaque contre des Peuls à la frontière avec le Mali. © HANDOUT/AFP

Au Burkina Faso, «pays des hommes intègres», la guerre contre le terrorisme est en train de basculer en une chasse aux peuls, une des trois grandes ethnies du pays. Le récent massacre de 136 villageois à Karma, un village peul, par des hommes portant la tenue de l’armée n’est malheureusement pas une surprise dans un pays longtemps réputé pour son vivre-ensemble. C’est la conséquence de la campagne haineuse menée par les miliciens et soutiens de la junte contre les peuls. Ces derniers sont accusés d’avoir «trahi la patrie» au motif qu’ils formeraient une partie des combattants de groupes djihadistes qui endeuillent le Burkina Faso depuis 2015.

La stigmatisation de ces populations concerne aussi le Mali. À chaque attaque des positions de l’armée, celle-ci déclenche une opération punitive contre des villages peuls qui se solde par des centaines de morts innocents. C’est un jeu dangereux qui ne fait qu’alimenter la spirale de la violence. À la moindre critique des ONG ou des Nations-Unies, les juntes au pouvoir crient au complot international et se réfugient dans le déni.

Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré est allé jusqu’à prétendre que c’est la jalousie des marchands d’armes auxquels il a coupé les opportunités d’affaires. Rien que ça ! Si cette diversion marchait au début, elle ne tient plus aujourd’hui. Le peuple au nom duquel la junte dit s’exprimer, n’est pas dupe. La thèse selon laquelle tous les malheurs du pays seraient de la faute de soi-disant impérialistes ne tient plus.

À Ouagadougou comme à Bamako, les juntes sont dans une impasse mortelle. Un jour, elles devront rendre des comptes.

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