Deuxième division
L’idée défendue par Washington d’accorder deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU à l’Afrique a été saluée un peu partout sur le continent, de Pretoria au Caire. Qu’un continent d’1,3 milliard de personnes ne soit pas représenté au sein de l’organe-clé des Nations-Unies est une véritable anomalie, et même un scandale. Tout le monde est d’accord sur le constat.
Passé l’effet d’annonce, l’enthousiasme est vite retombé, car il s’agit en réalité de placer les Africains dans la deuxième division du Conseil de sécurité. Ils sont les bienvenus, mais ils ne disposeront pas du droit de veto, qui restera l’apanage du « club des Cinq » (ndlr : Chine, Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie et France). Le message est on ne peut plus clair : on ne dîne pas à la même table.
Contrairement aux apparences, ce ne sont pas que les Etats-Unis qui défendent le principe de cette division inférieure au Conseil de sécurité. Pékin serait le plus fervent avocat, voire l’inspirateur de ce schéma, mais la diplomatie chinoise ne peut pas le crier sur les toits, elle qui se présente avec une certaine hypocrisie, comme étant le défenseur du fameux « Sud Global ». Pékin redoute surtout que le voisin et rival indien, avec son 1,4 milliard d’habitants, relance sa vieille revendication d’élargir le « club des cinq » actuel à six membres. Ce qui diluera de facto le pouvoir des « historiques » avec des implications géostratégiques.
Mais l’obstacle de la réforme du Conseil de sécurité pourrait venir des Africains eux-mêmes. De l’Égypte à l’Afrique du Sud en passant par le Nigeria, le Maroc ou l’Algérie, tous ces poids lourds du continent voudront être invités à la table des grands. Bon courage à ceux qui organiseront le vote à l’Union africaine.