Dette africaine : 27 pays ont dépassé la barre des 60% du PIB en 2023 (rapport)
Selon le rapport de la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le nombre de pays africains dont le ratio dette/PIB dépasse 60% est passé de 6 en 2013 à 27 en 2023. Le document explique que les causes sont dues aux multiples chocs exogènes mondiaux tels que la pandémie liée à la Covid-19, la guerre en Ukraine et la crise climatique en cours.
En plus, il indique que le remboursement de la dette est parallèlement devenu plus coûteux, ce qui impacte les pays en développement de manière disproportionnée. En 2023, ces pays ont payé 847 milliards de dollars d’intérêts nets, soit une augmentation de 26% par rapport à 2021.
Intitulé «A World of debt : a growing burden to global prosperity» (Un monde de dettes : un fardeau de plus en plus lourd pour la prospérité mondiale), le rapport révèle que les taux appliqués aux pays en développement lors des emprunts au niveau international, est deux à quatre fois supérieurs à ceux des États-Unis et six à douze fois supérieurs à ceux de l’Allemagne. En effet, les taux moyens appliqués aux euro-obligations émises par les pays africains entre 2020 et 2024 se sont établis à 9,8% en Afrique contre 0,8% en Allemagne, 2,5% aux États-Unis, 5,3% dans la région Asie et Océanie et 6,8% dans la région Amérique latine et Caraïbes.
La moitié des pays africains consacre 10% de leurs recettes publiques au paiement des intérêts de la dette
De surcroit, l’augmentation rapide du coût des intérêts limite les budgets des pays africains, qui ont consacré 9,2% de leurs recettes publiques au service de la dette en 2023 contre 4,4% en 2010. De plus, près de la moitié des 54 pays en voie de développement qui ont consacré au moins 10 % des recettes publiques au paiement des intérêts de la dette en 2023 se trouvent en Afrique.
En outre, le rapport atteste qu’environ 769 millions d’Africains, soit près des deux tiers de la population totale du continent, vivent dans des pays où les paiements d’intérêts dépassent les dépenses publiques dans l’éducation ou la santé. Alors qu’en Afrique, les dépenses moyennes en intérêts par habitant (70 dollars) dépassent celles consacrées à l’éducation (60 dollars) et à la santé (39 dollars).
Notant que les pays en développement consacrent actuellement une part plus importante de leur PIB au paiement des intérêts (2,4%) qu’aux initiatives en faveur du climat (2,1%), la CNUCED propose un plan visant à réorganiser le système financier mondial et à stimuler les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies afin de lutter contre la crise actuelle de la dette.
Ce plan recommande notamment l’amélioration de la participation effective des pays en développement à la gouvernance des systèmes financiers mondiaux, la réduction du coût croissant de la dette et du risque de surendettement par le biais d’un nouveau mécanisme efficace de restructuration de la dette, le renforcement des financements d’urgence pour fournir davantage de liquidités en temps de crise et l’augmentation des financements abordables et à long terme en mobilisant les banques multilatérales de développement et les ressources privées.